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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De praedestinatione sanctorum De la prédestination des Saints
CHAPITRE XVI. LES DONS ET LA VOCATION DE DIEU SONT SANS REPENTANCE.

33.

Cette vocation est également désignée par ces paroles : « Les dons et la vocation de Dieu sont sans repentante ». Du reste, un peu d'attention suffira pour nous en convaincre. En effet, l'Apôtre venait de dire : « Je ne veux pas, mes Frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne soyez point sages à vos propres yeux. Or, une partie des Juifs est tombée dans l'aveuglement jusqu'à ce que la plénitude des Gentils entrera dans l'Eglise. Après quoi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit : Il sortira de Sion un libérateur qui bannira l'impiété de Jacob, et c'est là l'alliance que je fais avec eux, lorsque j'aurai effacé leurs péchés ». Aussitôt il ajoute ces paroles, qu'on ne saurait trop approfondir : « Il est vrai que, selon l'Evangile, ils sont maintenant ennemis à cause de vous, mais selon l'élection ils sont très-aimés, à cause de leurs pères1 ». « Il est vrai que, selon l'Evangile, ils sont maintenant ennemis à cause de vous » ; ces paroles ne signifient-elles pas que leur inimitié, sous l'inspiration de laquelle ils ont crucifié Jésus-Christ, a été d'une extrême utilité pour l'Evangile, comme nous en avons la preuve sous les yeux? Cette inimitié entrait donc dans les desseins de Dieu, qui sait tirer le bien du mal; non pas en ce sens que les vases de colère lui procurent directement aucun avantage, mais en ce sens que les vases de miséricorde recueillent le fruit du bon usage que Dieu sait faire des méchants. Quoi de plus formel que cette proposition de l'Apôtre : « Il est vrai que, selon l'Evangile, ils sont maintenant ennemis à cause de vous ? »

Ainsi donc les méchants ont le pouvoir de pécher; mais quant à obtenir tel ou tel résultat par leur péché, ceci n'est plus en leur pouvoir, mais uniquement au pouvoir de Dieu, qui sépare les ténèbres et les fait servir à ses fins. C'est ainsi que, même en résistant à la volonté de Dieu, les méchants ne peuvent pas empêcher que la volonté de Dieu s'accomplisse. Nous lisons dans les Actes des Apôtres que, à peine rendus à la liberté, les Apôtres se présentèrent à l'assemblée des fidèles et leur racontèrent tout ce qui leur avait été dit par les prêtres et par les vieillards. Aussitôt la foule tout entière de s'écrier en s'adressant à Dieu : « Seigneur, c'est vous qui avez fait le ciel et la terre, la mer et a tout ce qu'ils renferment ; c'est vous qui avez dit par la bouche de notre père, de votre serviteur David : Pourquoi les nations ont-elles frémi, et pourquoi les peuples ont-ils tramé de vains complots? les rois de la terre se sont levés, et les princes se sont assemblés contre le Seigneur et contre son Christ. Voici donc que réellement les Juifs se sont assemblés dans cette ville contre Jésus que vous avez oint; Hérode, Pilate et le peuple d'Israël se sont ligués pour réaliser ce que votre main toute-puissante et vos décrets éternels avaient résolu2 ». C'est bien là l'explication de cette parole : « Il est vrai que, selon l'Evangile, ils sont maintenant ennemis à cause de vous ». Ce que la main et les décrets éternels de Dieu avaient résolu de faire par l'organe des Juifs révoltés, c'est ce qui était nécessaire à l’Evangile à cause de nous.

Mais que signifient donc les paroles suivantes : « Selon l'élection, ils sont très-aimés à cause de leurs pères ? » Ces ennemis qui ont péri dans leurs inimitiés, et ceux de la même nation qui périssent encore dans leur haine contre Jésus-Christ, seraient-ils donc élus et bien-aimés? Non, certes, et ce serait le comble de la folie de le soutenir. Toutefois ces deux expressions en apparence contradictoires, ennemis et aimés, quoique ne pouvant s'appliquer aux mêmes hommes et en même temps, peuvent s'appliquer néanmoins à la nation des Juifs et à la même race charnelle d'Israël; car, parmi eux, s'il en est qui s'obstineront dans le mal, il en est d'autres que Dieu bénira dans sa miséricorde. C'est la pensée que l'Apôtre formulait un peu plus haut, quand il disait: « Israël n'a point trouvé ce qu'il cherchait »; et encore : «Les autres ont été aveuglés »; il s'agit de ceux qui sont ennemis à cause de nous » . Et puis ceux-là seuls l'ont trouvé, qui ont été choisis de Dieu »; il s'agit évidemment de ceux qui sont aimés à cause de leurs pères »; car c'est à leurs pères que les promesses ont été. faites : « Les promesses », dit l'Apôtre, « ont été faites à Abraham et à sa race3 ». Tel est l'olivier franc sur lequel a été greffé l'olivier sauvage des nations.

Or, nous devons retrouver partout cette élection selon la grâce, et non selon les mérites, car « Dieu a sauvé ceux qu'il s'était réservés selon l'élection de sa grâce4 »: Cette élection s'est réalisée pour les uns, tandis que les autres ont été aveuglés. C'est en vertu de cette élection que les Israélites ont été aimés à cause de leurs pères. Ils avaient été appelés; non pas de cette vocation générale dont il est dit : « Beaucoup sont appelés5 », mais de cette vocation qui est spéciale aux élus. Voilà pourquoi l'Apôtre avait à peine prononcé ces paroles : « Selon l'élection, ils sont très-aimés à cause de leurs pères », qu'il s'empresse d'ajouter : « Car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance », c'est-à-dire absolument fixes et immuables. Tous ceux qui sont compris dans cette vocation sont les enfants dociles de Dieu. D'un autre côté, aucun d'eux n'a le droit de dire : J'ai cru, et c'est par là que j'ai mérité cette vocation, car Dieu l'a d'abord prévenu dans sa miséricorde, et il n'a été appelé que pour croire. En effet, tous les enfants dociles de Dieu viennent au Fils; s'ils ont entendu et appris du Père, n'est-ce point par le Fils, qui nous dit sans détour : « Tous ceux qui ont entendu et appris du Père viennent à moi ? » D'un autre côté, aucun de ces derniers ne périt, car, tout ce que le Père lui a donné, le Sauveur n'en perdra rien6. Par conséquent, tous ceux qui sont appelés selon le décret seront sauvés, et aucun d'eux ne périra. De là ces paroles : « Ils sont sortis d'avec nous, mais ils n'étaient pas des nôtres; car s'ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous7 ».


  1. Id. XI, 25-29. ↩

  2. Act. IV, 24-28. ↩

  3. Gal. III, 16.  ↩

  4. Rom. XI, 17, 5.  ↩

  5. Matt. XX, 16.  ↩

  6. Jean, VI, 45, 39.  ↩

  7. I Jean, II, 19. ↩

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