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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE DEUXIÈME. UN TEXTE DE SAINT PAUL.

220.

Jul. Certes, ta raison n'est pas encore assez égarée pour que tu oses affirmer que, depuis l'institution de la circoncision charnelle, la transmission du péché par le sang s'est faite d'une manière plus abondante comment donc ce péché a-t-il pris un accroissement nouveau depuis la loi, puisque l'on ne trouve dans cette loi ni une condamnation, ni même une parole qui y soit relative ? Vois au contraire combien notre doctrine est conforme à la saine raison qui place le péché dans la volonté seule de celui qui le commet. L'Apôtre déclare que le péché a existé jusqu'à la loi[^4], pour nous faire comprendre que, après la loi, le péché est devenu prévarication, c'est-à-dire transgression de préceptes promulgués ; c'est ainsi que le péché est devenu plus abondant, depuis que la loi est survenue ; la souillure qu'il imprime a revêtu un caractère plus odieux, le caractère de prévarication ; les actes de la volonté mauvaise , qui avant la loi étaient de simples péchés, se sont changés en transgressions depuis la loi ; quoique Dieu en portant la loi ne se soit point proposé d'aggraver par les prescriptions de cette loi la culpabilité des hommes. Car la loi en elle-même n'est pas un péché, ni une cause de péché; les commandements de cette loi sont au contraire saints, justes et bons[^5]. Mais parce que la perversité des pécheurs a fait servir à les blesser eux-mêmes le fer qui devait être l'instrument de leur guérison ; parce que ces pécheurs se sont opposés à la réalisation des desseins de Dieu, et qu'ainsi leur salut a été mis en péril précisément par ce qui devait servir à l'assurer ; l'Apôtre se plaçant au point de vue de la réalité historique, déclare que des obstacles insurmontables ont été opposés au dessein dont Dieu poursuivait l'accomplissement, quand il donnait sa loi. Et parce que cette promulgation n'a pas servi à rendre les hommes meilleurs, comme c'était l'intention expresse du législateur, mais qu'elle a eu dans le plus grand nombre un résultat tout à fait contraire, saint Paul dit que les pécheurs ont poursuivi la réalisation de leurs désirs coupables avec un succès tel que la loi semblerait avoir été donnée uniquement, afin que les méchants devinssent plus méchants encore, et afin que le caractère de prévarication vînt s'ajouter au péché.

Aug. Tu oses parler ainsi, toi qui, relativement à la promulgation de la loi, attribues à Dieu un dessein différent de celui qui lui est expressément attribué par saint Paul ; tu oses prononcer un blasphème aussi monstrueux que celui-ci : « Des obstacles insurmontables ont été opposés au dessein dont Dieu poursuivait l'accomplissement, quand il donnait sa loi » ; comme si l'événement avait été contraire aux prévisions de Dieu, et que le résultat de la promulgation de la loi n'eût pas été celui que l'auteur même de la loi voulait obtenir. Dieu donc, suivant ta propre sagesse, Dieu pour qui l'avenir n'a point de secret, s'est vu trompé dans l'accomplissement de ses desseins? Tu ne considères pas ce que dit l'Ecriture : « Il y a dans le coeur de l'homme une multitude de pensées; mais la volonté de Dieu demeure éternellement[^1] ». Veux-tu savoir, autant du moins qu'il est permis à un homme, quel était. le dessein du Dieu tout-puissant et dont la prescience est infinie, quand il donnait sa loi? Ecoute ces paroles de l'Apôtre : « Si la loi qui a été donnée avait pu communiquer la vie, il serait parfaitement vrai de dire que la justice vient de la loi ». Et comme si nous -lui adressions cette question : Pourquoi donc la loi a-t-elle été donnée? il ajoute : « Mais l'Ecriture a tout compris sous le péché, afin que la promesse fût accomplie par la foi en Jésus-Christ, en faveur des croyants[^2]». Voilà dans quel dessein Dieu a donné la loi. Qui ne sait du reste que, si le péché est devenu plus abondant depuis que la loi est survenue, ce n'est point par la faute de la loi, mais par la faute de l'homme ? Or, ce penchant déplorable qui fait que l'on trouve plus de plaisir dans les choses défendues, et que la loi elle. même devient la force du péché[^3]; ce penchant est détruit uniquement par l'esprit qui vivifie, non point par la lettre qui tue. Cette lettre cependant a été utile; quoiqu'elle fût une cause de mort par le fait même qu'elle était une cause de prévarication, l'inclination au péché étant devenue plus violente précisé. ment parce que celui-ci était devenu l'objet d'une défense positive, la lettre obligeait néanmoins les pécheurs à recourir à l'esprit qui vivifie ; elle contraignait à implorer le secours de la grâce divine, l'homme qui place fatalement sa confiance dans sa propre vertu, mais qui est extrêmement faible sous la loi, bien que cette loi soit sainte, juste et bonne; et qui est incapable par lui-même de parvenir à pratiquer ce qui est. saint, ce qui est juste, ce qui est bon.

  1. Rom., V, 13.

  2. Id.VII,7,12.

  3. Prov. XIX, 21, suiv. les Sept.

  4. Gal. III, 21, 22.

  5. II Cor. XV, 56.

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Contre la seconde réponse de Julien

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