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Jul. Mais je te demanderai par quels poètes tu as été conduit aux sources d'une Hippocrène d'un nouveau genre , toi qui nous représentes, non pas en des vers harmonieux, ruais dans un langage de blasphémateur, un animal monstrueux dont le corps est fatalement assujetti aux lois du principe mauvais et qui porte seulement sur son front le nom d'être libre.
Aug. Tu promènes ton pinceau au gré de ton imagination, de même que ton esprit frivole aime à se repaître de rêveries fantastiques. Pourquoi, en effet, reconnais-tu que la volonté bonne reçoit des secours quelconques de la grâce, tandis que, suivant toi, la volonté mauvaise n'a besoin d'aucun secours pour être mauvaise, ou pour persévérer dans sa perversité ? Ou bien cette balance que tu cherches à tenir dans un parfait équilibre, en affirmant que la volonté est également libre de se porter vers le mal ou de se porter vers le bien; cette balance, dis-je, indiquerait-elle par son inclinaison réelle que tu as perdu toi-même la faculté de raisonner?