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Jul. Mais; pour résumer en quelques mots les arguments que nous avons établis jusqu'ici, le libre arbitre qui est attiré cers le mal par le plaisir qui s'attache au vice et par les suggestions du démon, et qui as porté au bien par les maximes de la vertu et par diverses sortes de grâces divines; le libre arbitre, dis-je, ne peut subsister avec la nécessité pour celui à qui on l'attribue, de pratiquer la justice ou de commettre le péché.
Aug. Si, parmi les diverses espèces de grâces divines, vous comptiez l'amour que l'Ecriture déclare très-expressément venir, non pas de nous, mais de Dieu qui le donne à ses enfants; cet amour sans lequel personne ne vit pieusement, et avec lequel chacun est assuré de vivre dans la piété; cet amour sans lequel il est impossible que la volonté humaine se porte vers le bien, et avec lequel la volonté ne s'écarte jamais de la voie du bien ; vous prendriez véritablement la défense du libre arbitre et vous ne le conduiriez pas à sa perte par des flatteries mensongères. Cependant, si tu entends; par le mot de nécessité, la violence qu'un homme subit malgré lui, personne ne se trouve jamais dans la nécessité de pratiquer la justice, parce que personne n'est juste malgré soi : la grâce divine a seulement pour objet d'inspirer la volonté de pratiquer la justice à ceux qui ont une volonté contraire. Si , d'autre part, personne ne commettait jamais le péché malgré soi, l'Ecriture ne dirait pas : « Vous avez scellé mes iniquités dans une bourse, et si j'ai commis quelque faute malgré moi, vous l'avez marquée d'un signe particulier[^1] ».
- Job, XIV, 17.