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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE CINQUIÈME. LE CINQUIÈME LIVRE DE JULIEN.

9.

Julien. Pour nous, nous reconnaissons expressément, et par nos couvres et par nos paroles, que tous les hommes ont besoin de prendre une seconde naissance : non pas en ce sens qu'ils doivent être considérés comme soustraits à l'empire du démon au moment où ils reçoivent ce bienfait, mais en ce sens qu'ils cessent d'être simplement les oeuvres de Dieu pour devenir ses enfants ; en ce sens qu'après avoir pris une première naissance vile et méprisable, mais non coupable, ils en prennent une seconde très-précieuse, mais dont le prix, quel qu'il soit, n'es pas un motif pour calomnier la première; après avoir été créés et formés par Dieu, ils sont élevés par les sacrements de Dieu à un degré de perfection bien plus éminent; aux dons naturels qu'ils ont reçus en leur qualité de créatures humaines, le baptême vient surajouter les dons de la grâce, et ainsi le même Seigneur par qui ils ont été déjà créés bons les rend encore meilleurs par cette rénovation et par cette adoption. Nous avons donc parfaitement le droit d'affirmer, et il ne t'est pas possible de ne pas confesser que le péché naturel imaginé par Manès et désigné ensuite par toi sous le nom de péché originel, est et demeure désormais supprimé. La croyance à l'existence de ce péché a même été, dès l'antiquité la plus reculée, tout à fait étrangère à la foi catholique ; car d'après les maximes de cette foi il est incontestable que les petits enfants sont créés par Dieu et que Dieu ne crée rien de mauvais : d'où il suit manifestement que les créatures formées par Dieu ne peuvent être considérées ni comme coupables, ni comme soumises à la puissance du démon tant qu'elles n'ont point fait usage de leur volonté libre, et soutenir le contraire ce serait calomnier la. nature.

Augustin. Au lieu de dire le péché naturel, nous employons le terme plus expressif de péché originel, d'abord pour marquer que ce péché vient non point de l'auteur de notre nature, mais de l'origine même où nous avons puisé celle-ci immédiatement; ensuite et surtout pour faire comprendre qu'il est entré dans le monde par un seul homme et que pour le supprimer la dialectique d'un Pélagien ne suffit pas, mais qu'il faut le secours du sacrement de la régénération. Vous dites à la vérité que tous les enfants doivent prendre une naissance nouvelle dans le baptême, mais nous savons assez en quel sens vous le dites et en quoi précisément consiste votre hérésie : nous savons, dis-je, que vous cherchez à renverser l'antique édifice de la foi catholique et à ériger sur ses débris vos nouveautés pestilentielles ; car vous prétendez que les enfants ne sont point arrachés à la puissance des ténèbres par la grâce du Rédempteur, quoique l'Eglise catholique fasse sur eux des insufflations et des exorcismes qui, assurément, ne sont point dirigés contre l'image et la ressemblance divine, mais contre la puissance du démon. Comment as-tu osé écrire ensuite : « Après avoir pris une première naissance vile et méprisable, mais non coupable, ils prennent une seconde naissance très-précieuse, mais dont le prix ne saurait être un motif suffisant pour calomnier la première » ; comment, dis-je, as-tu osé écrire ces choses sans considérer quel est ce prix à l'aide duquel les hommes ont obtenu le pouvoir de prendre cette naissance nouvelle si précieuse ? Ce prix, en effet, est-il autre chose que le sang de l'Agneau immaculé, de cet Agneau qui nous crie lui-même pourquoi son sang a été répandu? N'est-ce point Lui qui a dit : « Ceci est mon sang qui sera répandu pour la rémission des péchés d'un grand nombre d'hommes[^1]? » Toi, au contraire, grâce à cette habileté merveilleuse qui te permet de te jouer avec les difficultés les plus impossibles, tu déclares que ce sang a été répandu même pour les enfants, et d'autre part tu nies qu'aucun péché soit remis aux enfants par suite de l'effusion de ce sang : suivant toi, les enfants ont besoin de recevoir une ablution, mais ils n'ont pas besoin d'être purifiés; ils ont besoin d'être renouvelés, mais non pas d'être dépouillés de ce qu'il y a de vieux en eux ; ils ont besoin d'être adoptés par le Sauveur, mais ils n'ont pas besoin d'être sauvés. Nous, au contraire, nous calomnions ces mêmes enfants quand nous soutenons qu'ils sont morts parce qu'ils sont nés dans une chair coupable et impure ; d'où il suit qu'ils ont besoin d'être baptisés dans la mort du Christ afin qu'ils meurent au péché après avoir été frappés de mort par le péché : c'est toi qui les défends réellement quand tu nies qu'ils soient morts et que tu empêches ainsi qu'on les délivre d'entre les mains de celui qui possède l'empire de la mort, de telle sorte qu'ils ne reçoivent aucun avantage de la mort de Celui qui seul est mort pour tous » ? L'Apôtre, après avoir écrit ces paroles, ajoute immédiatement et à titre de conclusion : « Donc tous sont morts, et il est mort pour tous[^2]». Conséquemment, celui qui, sous prétexte de défendre la cause des enfants, nie qu'ils soient morts, bien loin qu'il les défende réellement de la mort, les précipite inévitablement dans une seconde mort, puisqu'il les exclut de toute participation aux mérites de Celui qui est mort seulement pour des morts.

  1. Matth. XXVI, 28.

  2. II Cor. V, 14, 15.

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Contre la seconde réponse de Julien

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