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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE CINQUIÈME. LE CINQUIÈME LIVRE DE JULIEN.

11.

Julien. Après avoir ainsi observé un silence prudent à l'égard de tout ce passage, ce physiologiste nouveau déclare que j'ai exprimé une erreur quand j'ai dit : « Le limon que Dieu prit pour former l'homme doit être considéré non pas comme l'auteur de l'homme, mais seulement comme la matière dont l'homme fut formé : de même aussi cette force de la volupté, par laquelle le sang des parents est transformé d'abord, ensuite mélangé, ne supplée point l'opération divine; mais elle puise dans les trésors de la nature et offre à Dieu la matière dont il daigne former l'homme ». Il ne trouverait cependant rien que de parfaitement exact dans tout cela, si je n'avais point avancé que le sang des parents est transformé par la force de la volupté; mais voici l'explication savante à l'aide de laquelle il redresse mon: erreur : « Cette volupté de la concupiscence charnelle », dit-il, « ne forme point la semence ; celle-ci, créée par, le vrai Dieu et déposée par lui dans les corps, n'est point l'oeuvre de la volupté, elle est seulement excitée et émise avec volupté[^1] ». Manifestement il n'a point fait preuve en cet endroit de fourberie, mais seulement de défaut d'intelligence. Quand j'ai parlé de la force de la volupté, j'ai voulu désigner ce qui fait l'essence du corps humain et je me suis vu obligé de donner à cette essence le nom, de virilité. Cette virilité donc (si l'on veut bien me permettre de continuer l'emploi de ce mot dans un sens peut-être nouveau) cette virilité. qui n'est pas autre chose que la réunion et l'intégrité des organes intérieurs. et extérieurs de la génération, et qui donne à la fois le désir et le pouvoir d'engendrer, a été nommée par moi force de la volupté et de la concupiscence. Au lieu de dire simplement la volupté, j'ai mieux, aimé dire la force de. la volupté, afin de désigner l'ensemble des flammes qui s'allument avant et pendant l'oeuvre dont il s'agit..Car ceux en qui les membres génitaux ont été mutilés, c'est-à-dire les eu, nuques, n'ont plus de semence; sans doute ils ressentent encore une certaine ardeur qui pourrait, être comparée à la chaleur que recèle la cendre d'un, foyer éteint : mais parce qu'ils ont été mutilés et, privés de la vertu des organes au moyen desquels les. humeurs intérieures sont transformées en semence, ils sont dans l'impuissance d'engendrer. Dieu donc a voulu qu'il y eût dans le corps une force qui, se développant avec l'âge, le rendit capable d'engendrer toutes les fois qu'il posséderait l'intégrité de ses organes. C'est pourquoi la semence se forme dans les corps dès qu'ils ont atteint l'âge de la puberté complète. De là vient aussi que ceux qui. sont dans.un âge moins avancé, bien qu'ils ressentent l'aiguillon de la volupté prématurée , demeurent néanmoins stériles, jusqu'à ce que le temps déterminé par Dieu soit accompli. Quant à savoir si la volupté préside encore au mélange des semences, mais surtout si les flammes. qui s'allument à la surface des sens et celles qui s'allument à l'intérieur des organes et concourent d'une manière plus immédiate à l'œuvre de la génération, sont des flammes de deux voluptés différentes, ce sont là des questions grandement controversées entre les maîtres de la science médicale. Aussi le poète de Mantoue, beaucoup plus expert dans la connaissance des choses naturelles que dans la sophistique carthaginoise, nous fait-il observer qu'au moment où la volupté sollicite pour la première. fois les animaux-femelles à l'oeuvre de la reproduction, on prend soin de les faire maigrir et de les éloigner des pâturages et des sources vives. « Souvent même on les fatigue à la course, sous l'ardeur du soleil; pendant.que l'aire chargée de fruits gémit sous les coups redoublés et que le vanneur sépare du. froment les pailles légères. Et cela de peur. qu'une graisse surabondante n'engorge et ne rende stériles les sillons du sein maternel.; afin qu'au contraire, comme une terre profondément desséchée, ils absorbent avidement l'humeur reproductrice et la conservent dans leurs replis mystérieux[^2]». Mais qu'il me suffise d'avoir, par cette digression un peu en dehors de mon sujet, montré quelle est au juste la pénétration d'esprit de mon adversaire.

Augustin. Je n'ai pas attendu jusqu'ici pour démontrer combien sont vaines les paroles de ton livre que tu me reproches d'avoir passées sous silence : peut-être même leur futilité n'avait-elle point échappé à celui par qui la feuille des extraits a été envoyée à Valère, et c'est par indulgence pour toi qu'il a omis de les rapporter. Quant à la discussion établie par toi au sujet de cette force de la volupté par laquelle tu déclares que le sang des parents est transformé, malgré les flots de paroles que tu as répandues à ce sujet avec ta loquacité habituelle, je n'ai pas à m'occuper de t'opposer aucune réponse; car tu as pris soin toi-même de nous dire que tout cela ne se rapporte qu'indirectement à la cause que tu défends.

Pour moi, j'avais d'abord compris que par les mots de force de volupté tu voulais désigner le pouvoir que possède la volupté de faire quelque chose , non pas la force qui est le principe de sa propre existence. Dans le langage ordinaire, en effet, nous appelons force d'une chose quelconque le pouvoir que possède cette chose de faire ceci ou cela, non pas le, pouvoir qui appartient à une autre chose de la produire elle-même. Toi, au contraire, si l'on s'en rapporte à l'interprétation que tu`nous donnes de tes propres paroles, tu as voulu désigner par les mots de force de la volupté la force qui produit la volupté, non point le pouvoir qu'elle possède elle-même de faire telle ou telle chose : comme si tu appelais force du feu la cause même qui produit le feu et qui le fait exister; tandis que tous les hommes appellent force du feu le pouvoir qu'a celui-ci de brûler ou d'échauffer telle ou telle chose. Tu as donc parlé un langage contraire au langage reçu et consacré ; mais que nous importe? Nous avons appris depuis longtemps à ne point discuter sur les mots dès lors que l'entente existe sur les choses. De part et d'autre, en effet, nous reconnaissons que, non-seulement les hommes, engendrés d'autres hommes, mais que la semence elle-même, de quelque manière qu'on explique sa formation, est l'oeuvre de Dieu; il est parfaitement superflu d'invoquer ici le témoignage des physiologistes , des médecins ou des poètes; à moins que nous ne voulions discuter sur le choix des expressions à employer pour énoncer une chose que nous considérons l'un et l'autre comme incontestable, savoir, que la semence de tous les êtres corporels est l'oeuvre de Dieu. Mais je m'inscris en faux contre la conclusion que tu prétends tirer de ce principe; savoir, que les semences sont exemptes de tout vice parle fait même qu'elles ont été créées par un Dieu souverainement bon : tu ne parlerais pas ainsi si tu connaissais l'essence de la semence humaine, comme la connaissait celui qui a écrit: « L'homme est devenu semblable à la vanité » ; et qui, pour montrer que la nature même sur laquelle la mort exerce aujourd'hui son empire, a mérité ce châtiment, ajoutait : « Ses jours passent comme une ombre[^3] » . il n'ignorait pas que l'homme a été formé à l'image de Dieu, et cependant il savait discerner entre ce qui est en nous l'effet de la volonté divine directe et immédiate et le vice originel que nous avons contracté par suite de la dépravation de la volonté du premier homme. Comment as-tu pu ne point comprendre cela au moment même où tu aiguisais contre- moi ce trait vraiment redoutable : « Mais qu'il me suffise d'avoir, par cette digression dont l'objet est peut-être un peu étranger à notre discussion, montré quelle est au juste la pénétration a d'esprit de notre adversaire ? » Tu m'accuses ici d'avoir une- 'intelligence obtuse et tu appuies ton accusation sur ce fait que je n'ai pu comprendre une des expressions employées par toi dans une digression un peu étrangère au sujet, comme tu le reconnais. Je te demanderai donc ici comment il se fait que certains hommes naissent avec une intelligence obtuse : car tu n'es pas toi-même assez dépourvu de la faculté de comprendre pour oser nier que la lourdeur ou la vivacité d'esprit soient des propriétés de la nature ; quoique l'on puisse répéter ici ce que nous avons dit déjà précédemment, savoir, que, par suite de la manière dont ce corps assujetti à la corruption appesantit notre âme[^4] , l'esprit aujourd'hui le plus pénétrant doit être considéré comme un esprit obtus, si on le compare à celui du premier homme; Adam n'ayant pas été d'abord revêtu d'un corps capable d'appesantir son âme. J'établirai donc, moi aussi, par rapport à la nature humaine telle qu'elle existe. aujourd'hui, une distinction radicale entre ce qui est un vice originel de l'intelligence et ce qui est l'oeuvre directe et immédiate du suprême Artisan, de Celui auquel il n'est pas permis d'imputer aucun des vices inhérents à l'esprit humain, quelque nombreux qu'ils soient. Et à la lumière de ce principe tu apprendras à ne point confondre avec les oeuvres de Dieu le péché originel, dont l'homme contracte la souillure en même temps qu'il reçoit le bienfait de la vie; tu ne nieras point non plus l'existence de ce péché originel, sous prétexte que le Dieu par qui les hommes sont créés ne saurait être l'auteur d'aucun péché'; de même qu'il n'est pas permis de nier l'existence de vices naturels inhérents à l'esprit humain,.sous prétexte que les hommes sont l'oeuvre d'un Dieu dont la sagesse infinie ne saurait rien produire de défectueux. Dieu peut, sans blesser les droits de la justice et de la sainteté la plus rigoureuse., former les hommes d'une substance viciée par le péché,. de même qu'il sait faire un bon usage des péchés mêmes des hommes, c'est-à-dire de leurs vices volontaires. Nous voyons, par exemple, quels heureux fruits il sut tirer du péché de ces frères qui vendirent leur frère par envie; et une multitude d'autres faits du même genre dont les livres saints sont remplis.

  1. Du Mariage et de la Concupiscence, liv. II, n. 26,

  2. Virgile, Géorg., liv. III, vers 130-137.

  3. Ps. CXLIII, 4.

  4. Sag. IX, 1

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Contre la seconde réponse de Julien

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