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Jul. En effet, les Ariens qui à cette époque malheureuse avaient le pouvoir entre les mains, leur ayant adressé cette question Voulez-vous suivre l'Homousios ou le Christ? ils répondirent aussitôt et par un sentiment de vénération profonde pour le dernier de ces noms, qu'ils suivaient le Christ; ils renoncèrent à l'Homousios et s'en retournèrent ensuite ivres de joie s'imaginant qu'ils croyaient en Jésus-Christ , tandis qu'en réalité ils l'avaient renié en refusant de le reconnaître comme Homousios, c'est-à-dire comme étant d'une seule et même substance avec le Père. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore, par une fourberie habilement concertée, vous effrayez les oreilles des personnes ignorantes, afin de les amener, si elles ne veulent pas être flétries comme disciples de ceux qui souffrent pour la cause de la toi, à nier que le libre arbitre existe et que Dieu soit le créateur des hommes. Voila donc incontestablement ce que je vous ai objecté en cet endroit ; la discussion présente montrera clairement combien cette accusation était fondée en raison. Or, voici la réponse que tu as faite à mes paroles : Nous « ne nions point le libre arbitre » : et tu n'as trouvé rien autre chose à ajouter. Il eût été logique cependant d'exprimer ta pensée d'une manière complète et sans réticence aucune ; et après avoir dit d'abord que tu ne nies point le libre arbitre, d'ajouter : Nous confessons au contraire que la liberté de détermination donnée par Dieu subsiste dans la nature humaine.
Aug. Comment la liberté demeure-t-elle dans ceux qui, pour être délivrés de l'esclavage auquel ils ont été réduits par la victoire du péché sur eux, ont besoin de la grâce divine, si ce n'est parce qu'ils sont libres, eux aussi, mais libres à l'égard de la justice, c'est-à-dire, éloignés, dégagés. privés de la justice? De là ces paroles de l'Apôtre: « Lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice[^1] ».
- Rom. VI, 20.