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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE SIXIÈME. LE SIXIÈME LIVRE DE JULIEN.

13.

Julien. Où donc en sommes-nous arrivés? A cette alternative pour toi, ou de confesser que, dans sa création, la substance d'Adam était bonne, que la volonté n'a point détruit sa nature, et dès lors d'abandonner le péché naturel; ou bien, si tu soutiens, comme tu l'as fait jusqu'à présent, qu'Adam est la cause des maux de notre nature, de dire .franchement que sa substance était très-mauvaise, et que c'est l'affaire de votre Dieu, c'est-à-dire de ton Dieu et du Dieu des Manichéens.

Augustin. Dans.une réponse, précédente, nous avons déclaré que la création: n'est point la création que tu imagines. Entre nous, en effet, la dispute roulait. sur, ce point: le libre. arbitre avec lequel a été créé l'homme a-t-il pu être vicié dans sa liberté, au point que celui qui a fait le mal soit impuissant pour le bien, s'il n'est guéri par la vertu de la grâce, pour ne plus nous occuper de ce que nous avons dit dans cette réponse, et nous avons trouvé un homme qui disait avec toute l'autorité des saintes Ecritures : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux pas[^1] ». Paroles qui nous prouvent que le libre arbitre a été vicié par l'usage pervers qui en a été fait. Car l'homme n'aurait pu tenir ce langage avant le péché, qui fut le résultat d'un mauvais usage du libre arbitre, quand l'homme jouissait des délices du paradis et trouvait tant de facilité à faire le bien. Ce n'est pas là pour vous non plus un effet de la nature viciée dans le premier homme, mais de la mauvaise habitude, qui prend sur l'homme le dessus, qu'il veut et ne peut pas vaincre, et qui le force à parler ainsi parce qu'il ne retrouve point son entière liberté pour faire le bien; comme si la nature n'était point affaiblie quand, sous le poids insurmontable d'une mauvaise habitude, elle implore de Dieu la grâce qui la délivrera. Car celui qui parlait de la sorte, une fois arrivé à ces paroles: « Je vois dans mes membres une loi qui répugne à la loi de l'esprit, qui m'asservit à la loi du péché qui est dans mes membres», s'écrie alors: « Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? La grâce de Dieu, par Jésus-Christ Notre-Seigneur[^2] ». Entendez comme vous le voudrez ce corps de mort; toutefois il ne parlait de l'affaiblissement de la nature, que comme conséquence de l'affaiblissement du libre arbitre, et il désirait que la grâce de Dieu le délivrât de ce corps de mort qui l'empêchait de faire le bien qu'il voulait, et le forçait au mal qu'il ne voulait pas.

Toutefois nous avons pour vous vaincre un témoignage plus évident encore, c'est que le péché du premier homme fut si grand, qu'il était supérieur à toute habitude violente, puisque l'on vous montre les misères des enfants, misères que l'on n'eût pas connues dans le paradis, si l'homme n'en eût été chassé et fût demeuré dans cette heureuse droiture dans laquelle Dieu l'avait créé. Pour mettre de côté, en effet, non-seulement l'enfance ignorante, mais aussi l'enfance indocile et bien d'autres choses que nous avons déjà dites; est-ce qu'un enfant à qui son maître assigne une leçon de mémoire, qu'il veut, mais ne saurait retenir, n'a pas le droit de s'écrier: Je sens dans mon esprit une loi contraire à celle de ma volonté, et qui m'asservit à cette loi de la férule qui menace mes membres : malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort? Car le corps qui est corruptible appesantit l'âme, qui ne saurait retenir de mémoire ce qu'elle voudrait. Or qui peut nous délivrer de ce corps corruptible, sinon la grâce de Dieu, par Jésus-Christ Notre-Seigneur? soit quand l'âme a secoué ce corps pour se reposer dans le sang de Jésus-Christ qui l'a rachetée, soit quand ce corps corruptible sera revêtu d'incorruption, et qu'après les misères d'un corps que le péché aura fait mourir, ces corps mortels seront ramenés à la vie, à cause de l'Esprit du Christ qui habite en nous. C'est contre cette grâce que vous défendez le libre arbitre de la volonté et la volonté soumise au péché. Mais nous sommes bien loin des Manichéens, nous qui, soit chez les grands, soit chez les petits, acceptons pour une nature qui était bonne, et une maladie et un médecin.

  1. Rom. VII, 15.

  2. Ibid. 23-25.

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Contre la seconde réponse de Julien

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