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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE SIXIÈME. LE SIXIÈME LIVRE DE JULIEN.

37.

Julien. « Mais chacun a son rang. Jésus-Christ d'abord, comme les prémices; puis, ceux qui sont à Jésus-Christ, et qui ont cru à son avènement ; ensuite viendra la fin de toutes choses ». Le même Apôtre dit encore ailleurs la même chose : « Il est le premier-né d'entre les morts[^1]. Puis, ceux qui sont à Jésus-Christ », c'est-à-dire les saints, seront enlevés dans le ciel[^2]. « Ensuite viendra la fin de toutes choses », parce que ceux-ci iront dans le royaume éternel, et que les impies seront pour toujours précipités dans les flammes de l'enfer[^3]. « Lorsqu'il aura remis son royaume à Dieu son Père, et qu'il aura anéanti tout empire, toute domination et toute puissance; car Jésus-Christ doit régner jusqu'à ce que Dieu ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Or, la mort sera le dernier ennemi détruit. Tout a été mis sous ses pieds. Quand l'Écriture dit : Tout lui est assujetti; sans doute, il faut en excepter celui qui lui a assujetti toutes choses. Lors donc que toutes choses auront été assujetties au Fils, alors le Fils sera lui-même assujetti à celui qui lui aura assujetti toutes choses , afin que Dieu soit tout en tous[^4] ». Le royaume de Dieu le Père -consiste en ce que le nombre des élus, fixé par sa prescience, étant accompli, l'empire et la force de la puissance adverse prennent fin. Il faut que la mystérieuse et divine royauté de l'Éternel produise cet effet, de placer sous ses pieds tous les ennemis de la justice; c'est ce qui aura lieu, lorsque la mort éternelle se 'verra vaincue et détruite par tous les saints. Quand ces puissances de toutes sorties seront assujetties au Christ et à son corps mystique par la manifestation de sa royauté, la glorieuse assemblée des saints, au lieu de se soustraire à l'autorité de Dieu, lui sera bien plus soumise que jamais; car toutes les parties de ce corps si digne du royaume des cieux, et qui s'édifie sous la direction suprême du Christ, se réuniront dans le sentiment d'une charité parfaite pour obéir à la volonté du Très-Haut : alors disparaîtront toutes les passions qui engendrent le péché, et Dieu, après avoir parfait le nombre des élus, les réunira tous dans son sein.

Augustin. Dans cette partie de la thèse que tu soutiens, tu n'as presque rien abordé de ce qui a trait au sujet de notre discussion. Pourquoi as-tu cru devoir citer tout le passage où Paul s'occupe de la résurrection des morts? C'est évidemment à l'occasion de ces autres paroles du même Apôtre : « Comme tous meurent en Adam, tous aussi revivront dans le Christ» c'est parce que vous voulez attribuer la mort du corps; non pas au péché de l'homme, mais à une loi de nature ; à vous entendre, en effet, elle aurait été établie de Dieu en ce sens que le premier homme, innocent ou prévaricateur, serait mort. Je pense t'avoir répondu victorieusement à cet égard. Laissons donc de côté ces longs et inutiles développements au milieu desquels tu as voulu te débattre, et abordons ces paroles de l'Apôtre : « La mort sera le dernier ennemi détruit », car il est peut-être bon de chercher à savoir de quelle mort il veut parler. Est-ce de celle du temps, qui force l'âme à se séparer du corps ? Est-ce de celle qui ne permet point à l'âme de s'éloigner, parce qu'ils doivent tous deux subir le supplice du feu éternel? Cette dernière n'existe évidemment pas encore ; mais son heure viendra : elle ne sera pas détruite à la fin du monde, car c'est alors seulement qu'elle commencera d'exister. Qu'elle n'existe pas encore aujourd'hui, personne n'en doute. Quant à la mort qui s'exerce sur tous ceux qui sortent de ce monde, qui a pour contraire la résurrection du corps, au sujet de laquelle l'Apôtre discutait et parlait de la sorte, qui appartient au temps présent, que nous connaissons et subirons tous, c'est elle qui sera détruite la dernière, et elle sera détruite lorsque ce corps corruptible sera revêtu d'incorruptibilité, et que ce corps mortel sera revêtu d'immortalité[^5]. Il est facile de le voir, la résurrection corporelle qui se fera à ce moment-là, est, dans la pensée de Paul, le pendant de la mort corporelle qui a lieu en ce monde. C'est pourquoi si la mort éternelle, qui n'aura jamais existé, ne peut être détruite à la fin des siècles, puisqu'elle commencera seulement alors à exister ; si elle ne peut être détruite, parce qu'elle sera éternelle, il s'en. suit que c'est la mort du temps présent qui sera détruite la dernière, c'est-à-dire à la fin, quand elle trouvera son coup de mort dans la résurrection de la chair. Or, comment serait-elle notre ennemie, si elle était un simple effet de la nature, et non un châtiment? Certainement , sous l'autorité d'un juge tout-puissant et juste, elle ne serait point une punition, si elle n'avait eu, dans le péché, sa raison d'être. Nous t'en conjurons, modifie enfin ta manière de voir; purifie de toutes les douleurs humaines dont tu l'avais souillé, le paradis des bienheureux. A mon avis, il n'est pas permis de dire, comme tu l'as fait : « Dans le royaume des cieux, une fois qu'auront disparu toutes les passions qui engendrent le péché, Dieu parfera le nombre des « élus, et les réunira dans son sein ». Puisse une pareille opinion t'épouvanter et te corriger ! Puisses-tu ne plus louer comme un bien, mais plutôt flétrir comme un mal cette convoitise des passions coupables, qui ne cesse aujourd'hui, même quand nous la réprimons, de nous tourmenter dans notre chair, et qui, en s'éteignant, nous laissera alors tranquilles , comme tu l'avoues toi-même ! Car tu as adopté cette convoitise qui porte le corps à avoir des désirs contre l'esprit, au point que l'esprit doive lui-même lutter contre la chair[^6], pour éviter le péché qui damnerait l'homme. Ce mal de la lutté entre deux choses bonnes et créées par un Dieu bon, c'est-à-dire entre la chair et l'esprit, ce mal est devenu pour nous une seconde nature par suite de la prévarication du premier homme; mais ce ne sont ni les Manichéens, ni leurs fauteurs qui le proclament; c'est leur destructeur, Ambroise[^7].

  1. Coloss. I, 18.

  2. I Thess. IV, 17.

  3. Matth. XXV, 46.

  4. I Corinth. XV, 24-28.

  5. I Corinth. XV, 54, 55.

  6. Galat. V,17.

  7. Liv. VII sur saint Luc, XII, 53.

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Contre la seconde réponse de Julien

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