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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE PREMIER. LES TROIS PREMIERS ARGUMENTS DE JULIEN.

93.

Jul. Ecoute ces paroles où il nous montre la force de la liberté humaine: « Pour moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m'avez point reçu; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez[^3]». Et ailleurs : « Ou estimez l'arbre bon et le fruit bon ; ou estimez l'arbre mauvais et le fruit mauvais[^4] ». Et encore : « Si vous ne voulez pas croire à mes paroles, croyez à mes oeuvres[^5] ». Mais l'affirmation la plus énergique à cet égard, réside dans les paroles par lesquelles il déclare que l'accomplissement de ses désirs a été empêché par la volonté humaine : « Jérusalem, Jérusalem », s'écrie-t-il, « combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu n'as pas voulu? » Il n'ajoute pas après cela : Je les ai rassemblés malgré toi, mais : « Votre maison vous sera laissée déserte[^6] » ; par où il montre qu'ils subissent à la vérité un juste châtiment pour leurs oeuvres mauvaises, mais aussi qu'ils n'ont pas dû être détournés par aucun moyen violent de l'accomplissement de leurs propres desseins. Il s'était déjà exprimé en ces termes par la bouche du Prophète : « Si vous voulez m'écouter, vous aurez pour vous nourrir les biens de la terre; mais si vous ne voulez pas m'écouter, le glaive vous dévorera[^7] ». Comment donc reconnais-tu l'existence du libre arbitre, toi qui as déclaré, non pas, il est vrai, sur l'autorité de la seule parole, mais d'après un témoignage de l'Evangile, interprété à la manière, que la volonté humaine n'est pas libre?

Aug. Je dois ici t'excuser, parce que ton erreur a pour objet une chose dont l'accès est très-difficile à l'intelligence humaine. A Dieu ne plaise que l'accomplissement des desseins de celui qui a en partage la toute-puissance et une prescience à laquelle rien n'échappe, soit empêché par l'homme. lis réfléchissent peu sur un sujet aussi profond, ou ils n'ont pas, dans leur esprit, une force de pénétration suffisante pour une telle profondeur, ceux qui croient que le Dieu tout-puissant veut une chose, mais que l'homme dont la faiblesse est le partage naturel, lui ôte par l'opposition de sa propre volonté le pouvoir de l'accomplir. S'il n'est pas douteux que Jérusalem n'a point voulu que ses enfants fussent rassemblés par lui, il est pareillement certain qu'il a, même malgré elle, rassemblé tous ceux qu'il a voulu d'entre ces enfants. Car, Dieu, suivant la parole d'Ambroise, un de ses plus fidèles serviteurs, appelle ceux qu'il daigne appeler, et il inspire des sentiments de piété à ceux à qui il lui plaît[^1], L'Ecriture, dans une multitude d'endroits, s'adresse à la volonté de l'homme, afin de lui faire sentir, par ces avertissements, ce qui lui manque et ce qui n'est pas en son pouvoir; et afin de le porter à implorer, dans son indigence, le se, cours de celui de qui viennent tous les biens. Car, s'il obtient réellement l'effet de cette prière qu'il nous est ordonné d'adresser à Dieu : « Ne nous induisez pas en tentation »; sans aucun doute il ne sera plus victime de son ignorance ni vaincu par une passion quelconque. Si donc il a été dit par le Prophète : « Si vous ne voulez pas m'écouter, le glaive vous dévorera », et autres paroles semblables, c'est afin que les hommes, reconnaissant en eux-mêmes des passions victorieuses, sussent de qui ils devaient implorer le secours nécessaire pour vaincre le mal. Quant à ces paroles: «Voici que votre maison « vous sera laissée déserte », Jésus-Christ les a prononcées parce qu'il avait alors sous les yeux plusieurs personnes que, par un jugement impénétrable, mais juste, il avait jugées dignes d'être délaissées dans leur endurcissement et abandonnées à elles-mêmes. Si en effet, comme tu le dis, « l'homme ne doit être, par aucune force nécessitante, détourné de l'accomplissement de ses propres desseins » (et ici sans doute il s'agit de desseins pervers), pourquoi l'apôtre Paul, n'étant encore que Saut, affamé de meurtre et altéré de sang, est-il, par un aveuglement corporel violent et par une voix effrayante venue d'en haut, détourné de son dessein sacrilège? Pourquoi ce persécuteur renversé par terre se lève-t-il pour devenir le plus infatigable de tous les prédicateurs de ce même Evangile, combattu par lui jusqu'alors avec acharnement[^8] ? Reconnais ici l'action de la grâce Dieu appelle tantôt d'une manière, et tantôt d'une autre manière, ceux qu'il daigne appeler : et l'Esprit souffle où il veut[^9].

  1. Jean, V, 43.

  2. Matt. XII, 33.

  3. Jean, X, 33.

  4. Matt. XXIII, 37, 38.

  5. Isa. I, 19, 20.

  6. Liv. II sur saint Luc, IX, 58.

  7. Act, IX.

  8. Jean, III, 8.

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Contre la seconde réponse de Julien

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