Edition
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De Testimonio Animae
I.
[1] Magna curiositate et maiore longe memoria opus est ad studendum, si qui uelit ex litteris receptissimis quibusque philosophorum uel poetarum uel quorumlibet doctrinae ac sapientiae saecularis magistrorum testimonia excerpere Christianae ueritatis, ut aemuli persecutoresque eius de suo proprio instrumento et erroris in se et iniquitatis in nos rei reuincantur. [2] Nonnulli quidem, quibus de pristina litteratura et curiositatis labor et memoriae tenor perseuerauit, ad eum modum opuscula penes nos condiderunt: commemorantes et contestificantes in singula rationem et originem et traditionem et argumenta sententiarum, per quae recognosci possit nihil nos aut nouum aut portentosum suscepisse, de quo non etiam communes et publicae litterae ad suffragium nobis patrocinentur, si quid aut erroris eiecimus aut aequitatis admisimus. [3] Sed ne suis quidem magistris alias probatissimis atque lectissimis fidem inclinauit humana de incredulitate duritia, sicubi in argumenta Christianae defensionis impugnunt. Tunc uani poetae, cum deos humanis passionibus et fabulis designant, tunc philosophi duri, cum ueritatis fores pulsant. hactenus sapiens et prudens habebitur, qui prope Christianum pronuntiauerit, cum, si quid prudentiae aut sapientiae affectauerit seu caerimonias despuens seu saeculum reuincens pro Christiano denotetur. [4] Iam igitur nihil nobis erit cum litteris et doctrina peruersae felicitatis, cui in falso potius creditur quam in uero. Viderint, si qui de unico et solo deo pronuntiauerunt. Immo nihil omnino relatum sit, quod agnoscat Christianus, ne exprobrare possit. Nam et quod relatum est neque omnes sciunt neque qui sciunt constare confidunt. Tanto abest, ut nostris litteris annuant homines, ad quas nemo uenit nisi iam Christianus. [5] Nouum testimonium aduoco, immo omni litteratura notius, omni doctrina agitatius, omni editione uulgatius, toto homine maius id est totum quod est hominis. Consiste in medio, anima; seu diuina et aeterna res es secundum plures philosophos, eo magis non mentieris: seu minime diuina, quoniam quidem mortalis, ut Epicuro soli uidetur, eo magis mentiri non debebis, seu de caelo exciperis seu de terra conciperis seu numeris seu atomis concinnaris seu cum corpore incipis seu post corpus induceris, undeunde et quoquo modo hominem facis animal rationale, sensus et scientiae capacissimum. [6] Sed non eam te aduoco, quae scholis formata, bybliothecis exercitata, academiis et porticibus Atticis pasta sapientiam ructas. Te simplicem et rudem et impolitam et idioticam compello, qualem te habent qui te solam habent, illam ipsam de compito, de triuio, de textrino totam. [7] Imperitia tua mihi opus est, quoniam aliquantulae peritiae tuae nemo credit. Ea expostulo quae tecum homini infers, quae aut ex temetipsa aut ex quocumque auctore tuo sentire didicisti. Non es, quod sciam, Christiana. Fieri enim, non nasci solet Christiana. Tamen nunc a te testimonium flagitant Christiani, ab extranea aduersus tuos, ut uel tibi erubescant, quod nos ob ea oderint et inrideant, quae te nunc consciam detineant.
Übersetzung
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Témoignage de l'âme
I.
Il faut de longues investigations, une grande mémoire et de pénibles études pour emprunter aux écrits les plus renommés des philosophes, des poètes, ou des maîtres de la science et de la sagesse profane, des témoignages qui déposent en faveur de la vérité chrétienne, afin que ses antagonistes et ses persécuteurs soient convaincus, par leurs propres aveux, de contradiction vis-à-vis d'eux-mêmes et d'injustice envers nous. Déjà plusieurs, interrogeant parmi nous les monuments de la littérature antique, et embrassant par la mémoire ces documents, ont adressé aux Gentils des traités, où remontant à l'origine de l'idolâtrie et interprétant ses traditions et ses maximes, ils ont pu faire comprendre que notre Religion n'a rien de si étrange ni de si monstrueux, et que dans les superstitions qu'elle répudie comme dans les vérités qu'elle admet, elle a pour elle le patronage des lettres communes et publiques. Mais l'incrédulité humaine, endurcie dans ses préventions, n'a point incliné l'oreille aux oracles de ses maîtres, même les plus estimés et les plus célèbres, lorsqu'il leur arrive de présenter la justification de la Religion chrétienne. Ici des poètes frivoles qui représentent les dieux avec les passions et les futilités de l'homme; là des philosophes orgueilleux qui ne font que frapper à la porte de la vérité. On n'est sage, on n'est éclairé cependant |118 qu'autant que l'on se rapproche du Chrétien, quoique pour peu que l'on montre de sagesse et de science réelles, soit en répudiant de vaines superstitions, soit en convainquant le siècle de mensonge, on ne soit plus qu'un Chrétien voué à l'infamie. Conséquemment, laissons de côté des lettres et une doctrine qui ne portent avec elles qu'une conviction mensongère, puisqu'on les croit plutôt quand elles prêchent l'erreur que quand elles annoncent la vérité. Abandonnons même ceux qui ont proclamé l'unité de Dieu. Que dis-je? Ne nous appuyons sur aucune autorité qu'admette le Chrétien, afin de ne susciter contre nous aucun reproche. Car ces témoignages, tous ne les connaissent pas, ou, s'ils les connaissent, ils ne leur présentent pas encore une garantie suffisante. A plus forte raison, les hommes ne souscriront-ils pas à nos livres saints: on n'arrive à eux que déjà chrétien.
J'invoque aujourd'hui un témoignage nouveau, je me trompe, un témoignage plus connu que toutes les littératures, plus répandu que toutes les sciences, plus célèbre que tous les systèmes, plus grand que l'homme tout entier, c'est-à-dire ce qui constitue la plénitude de l'homme.
Viens donc, ô âme humaine, comparais devant nous, soit qu'il faille avec plusieurs philosophes te reconnaître pour une substance divine et éternelle, et par là même d'autant plus incapable de mentir; soit qu'étrangère à la divinité, tu n'aies rien que de mortel, comme l'a professé le seul Epicure, et par là même obligée à plus de véracité; soit que tu descendes du ciel ou que la terre te conçoive; que les nombres ou les atomes composent ton être; que tu naisses avec le corps ou que tu lui sois ajoutée après coup; quels que soient tes éléments et ta nature, toujours siège de la raison, de l'intelligence et du sentiment; réponds-moi. Mais ce n'est pas toi que j'appelle, ô âme, qui, formée dans les écoles exercée dans les bibliothèques et nourrie dans les académies ou les portiques de la Grèce, |119 débites d'orgueilleuses maximes. Non! viens ici dans toute la rudesse, dans toute la simplicité de ton ignorance primitive, telle que te possèdent ceux qui n'ont que toi, âme empruntée à la voie publique, au carrefour, à l'atelier. Il me faut ton inexpérience, puisque personne ne croit plus à ton habileté, si petite qu'elle soit. Je ne te demande que ce que tu apportes avec toi à l'homme, que tu le doives à ton propre fonds, ou que tu le reçoives de ton auteur, n'importe lequel. Tu n'es pas chrétienne, que je sache; car tu as coutume de devenir et non de naître chrétienne. Toutefois les Chrétiens requièrent aujourd'hui ton témoignage; étrangère, dépose contre les tiens, afin que les hommes qui nous persécutent et nous méprisent rougissent pour toi d'une doctrine dont tu es complice.