Edition
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De Testimonio Animae
VI.
[1] Crede itaque tuis et de commentariis nostris tanto magis crede diuinis, sed de animae ipsius arbitrio perinde crede naturae. Elige quam ex his fidelius sororem obserues ueritatis. Si tu tuis litteris dubitas, neque deus neque natura mentitur. Ut et naturae et deo credas, crede animae, ita fiet ut et tibi credas. Illa certe est quam tanti facis, quantum illa te facit, cuius es totus, quae tibi omnia est, sine qua nec uiuere potes nec mori, propter quam deum neglegis. [2] Cum enim times fieri Christianus, eam conueni. Cur alium colens deum nominat? Cur, cum maledicendo spiritus denotat daemonia pronuntiat? Cur ad caelum contestatur et ad terram detestatur? Cur alibi seruit, alibi uindicem conuenit? Cur de mortuis iudicat? Cur uerba habet Christianorum, quos nec auditos uisosque uult? Cur aut nobis dedit ea uerba, aut accepit a nobis? Cur aut docuit aut didicit? Suspectam habes conuenientiam praedicationis in tanta disconuenientia conuersationis. [3] Vanus es, si huic linguae soli aut Graecae, quae propinquae inter se habentur, reputabis eiusmodi, ut neges naturae uniuersitatem. Non Latinis nec Argiuis solis anima de caelo cadit. Omnium gentium unus homo, uarium nomen est, una anima, uaria uox, unus spiritus, uarius sonus, propria cuique genti loquella, sed loquellae materia communis. [4] Deus ubique et bonitas dei ubique, daemonium ubique et maledictio daemonii ubique, iudicii diuini inuocatio ubique, mors ubique et conscientia mortis ubique, et testimonium ubique. [5] Omnis anima suo iure proclamat quae nobis nec mutire conceditur. Merito igitur omnis anima et rea et testis est, in tantum et rea erroris, in quantum et testis ueritatis, et stabit ante aulas dei die iudicii nihil habens dicere. [6] Deum praedicabas et non requirebas, daemonia abominabaris et illa adorabas, iudicium dei appellabas nec esse credebas, inferna supplicia praesumebas et non praecauebas, Christianum nomen sapiebas et Christianum nomen persequebaris.
Übersetzung
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Témoignage de l'âme
VI.
Crois donc à tes livres sur la foi des nôtres; crois à nos Écritures, d'autant plus qu'elles sont divines; crois surtout à la nature, d'après les dépositions de l'âme. Choisis parmi ces soeurs de la vérité celle qui te paraîtra la plus vénérable. Si tu as des doutes sur tes propres monuments, ni Dieu, ni la nature ne savent mentir. Pour croire à la nature et à Dieu, crois à ton âme; par elle, tu croiras à toi-même. Ton âme! tu l'estimes autant qu'elle t'estime; tu es tout par elle, elle est tout pour toi; sans elle tu ne peux ni vivre ni mourir, et pourtant c'est à cause d'elle que tu négliges Dieu. Puisque tu crains de devenir chrétien, interroge-la! Demande-lui pourquoi elle invoque Dieu pendant qu'elle en adore un autre? pourquoi elle nomme les démons alors qu'elle maudit les esprits malfaisants? pourquoi elle prend à témoin le ciel et déteste la terre? pourquoi, esclave ici, elle cherche ailleurs une main qui l'affranchisse? pourquoi elle juge les morts? pourquoi elle parle le langage de ces mêmes Chrétiens, que l'on ne veut ni voir ni entendre? pourquoi elle nous a donné ce langage ou l'a reçu de nous? pourquoi elle nous l'a enseigné ou l'a appris elle-même? Sache-le bien! cette uniformité de prédication, lorsque d'ailleurs notre manière de vivre est si différente, cache quelque mystère. Quelle puérilité que d'attribuer ce concert aux langues romaine et grecque, qui sont soeurs, pour nier l'universalité de la nature! Ce n'est pas |127 pour les Latins ni pour les Grecs seuls que l'âme tombe du ciel; l'homme est partout le même, le nom seul diffère. Une seule et même âme, une langue différente; un seul et même esprit, des sons différents. Chaque peuple a son idiome particulier; mais la matière du langage est commune à tous. Partout Dieu, et partout la bonté de Dieu; partout le démon, et partout la malédiction du démon; partout l'invocation du jugement de Dieu; partout la mort, partout la conscience de la mort, et partout son témoignage. Partout enfin, l'âme, en vertu de ses droits, proclame des vérités qu'il ne nous est pas même permis de murmurer. C'est donc à juste titre que l'âme, disons-nous, est tout à la fois le complice et le témoin: complice de l'erreur, témoin de la vérité. Qu'aura-t-elle à répondre, quand elle sera debout devant le tribunal de Dieu, au jour du jugement? Tu publiais Dieu, et tu ne l'as point cherché; tu maudissais les démons, et tu les as honorés; tu en appelais au jugement de Dieu, et tu n'y as point ajouté foi; tu pressentais les supplices de l'enfer, et tu n'as point songé à les éviter; tu pensais comme le Chrétien, et tu as persécuté le nom chrétien.