II.
Dans la loi chrétienne, mes frères bien-aimés, plusieurs routes s’ouvrent devant nous pour nous conduire au salut; mais je ne trouve rien de plus utile pour la vie présente, rien de plus méritoire pour le Ciel, que de s’attacher avec crainte et amour aux préceptes du Seigneur et de supporter avec une patience inaltérable tous les événements de cette vie. Les philosophes aussi se vantent de pratiquer cette vertu; mais leur patience est aussi fausse que leur sagesse. Comment, en effet, être sage et patient, si on ne connaît la sagesse et la patience de Dieu? Il (357) nous dit lui-même: Je perdrai la sagesse des sages et je réprouverai la prudence des prudents (Is., XX .). Saint Paul, l’oracle de l’Esprit-Saint et l’apôtre des nations, nous enseigne la même vérité : Prenez garde, dit-il, de vous laisser séduire par une philosophie vaine et trompeuse, fondée sur les traditions, sur la science mondaine et non sur le Christ, en qui réside la plénitude de la divinité (Coloss., II.). Et ailleurs : Ne vous y trompez pas, si quelqu’un d’entre vous veut être sage, qu’il devienne insensé pour le monde. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit : Je confondrai les sages dans leur sa gesse. Et au livre des Psaumes : Le Seigneur connaît les pensées des sages; il sait qu’elles ne sont que folie (Ps., IX.).
Si, dans le monde, il n’y a pas de véritable sagesse, il n’y a pas non plus de véritable patience. Le sage est humble et doux; or, rien ne manque plus aux philosophes que la sagesse et la douceur : ils se, complaisent beaucoup en eux-mêmes, et par suite ils déplaisent à Dieu. Mais la vraie patience ne peut pas résider dans ces hommes qui découvrent impudemment leur poitrine et affectent une insolente liberté.
