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De Praescriptione Haereticorum
XXII.
[1] Sed quoniam tam expedita probatio est ut si statim proferatur, nihil iam sit retractandum, ac si prolata non sit a nobis, locum interim demus diuersae parti, si quid putant ad infirmandam hanc praescriptionem mouere se posse. [2] Solent dicere non omnia apostolos scisse, eadem agitati dementia qua susum rursus conuertunt, omnia quidem apostolos scisse sed non omnia omnibus tradidisse, in utroque Christum reprehensioni inicientes qui aut minus instructos aut parum simplices apostolos miserit. [3] Quis igitur integrae mentis credere potest aliquid eos ignorasse quos magistros Dominus dedit, indiuiduos habens in comitatu in discipulatu in conuictu, quibus obscura quaeque seorsum disserebat, illis dicens datum esse cognoscere arcana quae populo intelligere non liceret? [4] Latuit aliquid Petrum, aedificandae ecclesiae petram dictum, claues regni caelorum consecutum et soluendi et alligandi in caelis et in terris potestatem? [5] Latuit et Ioannem aliquid, dilectissimum Domino, pectori eius incubantem cui soli Dominus Iudam traditorem praemonstrauit, quem loco suo filium Mariae demandauit? [6] Quid eos ignorasse uoluit quibus etiam gloriam suam exhibuit, et Moysen et Heliam et insuper de caelo patris uocem? non quasi ceteros reprobans sed quoniam in tribus testibus stabit omne uerbum. [7] Ignorauerunt itaque et illi quibus post resurrectionem quoque in itinere omnes scripturas disserere dignatus est. [8] Dixerat plane aliquando: Multa habeo adhuc loqui uobis, sed non potestis modo ea sustinere, [9] tamen adiiciens: Cum uenerit ille spiritus ueritatis, ipse uos deducet in omnem ueritatem, ostendit illos nihil ignorasse quos omnem ueritatem consecuturos per spiritum ueritatis repromiserat. [10] Et utique impleuit repromissum, probantibus actis apostolorum descensum spiritus sancti. [11] Quam scripturam qui non recipiunt nec spiritus sancti esse possunt, qui necdum spiritum sanctum possunt agnoscere discentibus missum. Sed nec ecclesiam se defendere qui, quando et quibus incunabulis institutum est hoc corpus, probare non habent. [12] Tanti est enim illis non habere probationes eorum quae defendunt, ne pariter admittantur traductiones eorum quae mentiuntur.
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Les prescriptions contre les Hérétiques
XXII.
Mais comme elle est si claire et si précise qu'elle ne laisse rien à répliquer, quand elle a été mise dans tout son jour, avant de le faire, écoutons ce que peuvent opposer nos adversaires pour affaiblir cette prescription. Ils ont coutume de dire « que les Apôtres n'ont pas tout su; » et poussés par le même esprit de démence, ils disent encore que « si les Apôtres ont tout su, ils n'ont pas pour cela tout enseigné à tous. » Dans ces deux accusations, c'est donc Jésus-Christ même qu'ils blâment d'avoir choisi des disciples ou peu instruits, ou peu fidèles. Mais quel est l'homme sensé qui pourra soupçonner d'ignorance les disciples du Seigneur, qu'il avait donnés pour maîtres à l'univers, qu'il avait eus dans sa compagnie tous les jours de sa vie mortelle, à qui il expliquait en particulier tout ce qui avait besoin d'éclaircissement, leur disant qu'il leur était accordé de pénétrer des secrets inaccessibles à la multitude? Qu'est-ce qui a pu être caché à Pierre, ainsi appelé parce que l'Eglise devait être bâtie sur lui; à Pierre, qui avait reçu, avec la clef du royaume des cieux, le pouvoir de lier et de délier, tant dans les cieux que sur la terre? Qu'est-ce qui a pu être caché à Jean, le disciple bien-aimé, sur le sein de qui le Sauveur se reposait, à qui seul il montra le traître Judas, qu'enfin il donna pour fils à Marie en sa place? Qu'aurait voulu cacher Jésus-Christ à ceux à qui il avait fait voir sa gloire, Moïse et Elie, à qui il avait fait entendre du ciel la voix de son Père; non pas qu'il rejetât les autres, mais « parce que le témoignage de trois personnes suffit pour constater un fait? » Enfin ceux à qui il avait daigné expliquer toutes les Ecritures dans le chemin même, après sa résurrection, ont-ils pu rien ignorer? Il est vrai que le Sauveur avait dit auparavant à ses Apôtres: « J'aurais encore à vous parler de bien des choses; mais vous ne pouvez pas les porter à présent. » Mais il ajouta: « Lorsque l'Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera lui-même toute vérité. » Il marquait clairement par là qu'ils n'ignoreraient plus rien, lorsqu'ils seraient remplis de l'Esprit saint qu'il leur promettait. Il ne manqua pas d'accomplir sa promesse. Les Actes des Apôtres nous apprennent la descente du Saint-Esprit. Ceux qui ne reçoivent pas ce livre ne peuvent se vanter d'avoir été instruits par le Saint-Esprit, puisqu'ils ne reconnaissent point que le Saint-Esprit ait été envoyé aux fidèles. Ils sont même hors d'état de défendre l'Eglise, puisqu'ils ne sauraient prouver quand ni comment elle fut établie. Mais ils aiment mieux s'ôter à eux-mêmes les preuves des vérités qu'ils conservent, que d'en fournir d'invincibles contre les erreurs qu'ils y ont mêlées.