XLIV.
Cette ferme et vertueuse discipline est une dernière preuve de la vérité de notre croyance. On demeurera inviolablement attaché à cette croyance, si l'on se souvient du jugement futur, où nous comparaîtrons tous au pied du tribunal de Jésus-Christ, pour y rendre compte de tout, et en particulier de notre foi. Que répondrez-vous alors, vous qui aurez souillé par le commerce adultère de l'hérésie cette foi vierge que Jésus-Christ vous avait confiée? Direz-vous, pour vous excuser, que ni lui ni ses Apôtres n'avaient annoncé ces doctrines perverses pour les derniers temps, et ne vous avaient ordonné de les fuir et de les détester? Reconnaissez de bonne foi que vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-mêmes, et nullement à ceux qui vous avaient prévenus si long-temps auparavant. Mais vous ne manquerez pas de prétextes pour relever l'autorité des docteurs de l'hérésie. Ils avaient donné, direz-vous, les plus éclatantes preuves de leur mission; ils avaient guéri les malades, ressuscité les morts, prédit l'avenir, en sorte qu'on ne pouvait douter que ce ne fussent de vrais Apôtres. Comme s'il n'était pas écrit qu'il viendrait plusieurs séducteurs qui feraient des prodiges pour prouver une doctrine fausse et pernicieuse. Apparemment que vous obtiendrez grâce, tandis que ceux qui se seront souvenu des oracles du Seigneur et de ses Apôtres, et qui auront persévéré dans la foi orthodoxe, courront risque de leur salut. J'avais annoncé, il est vrai, leur dira le Seigneur, qu'il viendrait des maîtres du mensonge en mon nom, au nom de mes Prophètes et de mes Apôtres. J'avais ordonné à mes disciples de répéter les mêmes prédictions. J'avais confié à mes Apôtres mon Evangile et le Symbole de la foi; mais comme vous refusiez de croire, il m'a plu ensuite d'y faire des changements. J'avais promis la résurrection de la chair, mais j'ai craint de ne pouvoir pas accomplir ma promesse; j'avais montré que j'étais né d'une vierge, mais j'ai rougi d'une pareille naissance; j'avais assuré que le Créateur du monde était mon père, mais un meilleur père m'a adopté; je vous avais défendu de prêter l'oreille aux hérétiques, mais j'étais moi-même dans l'erreur. Voilà les absurdités que sont forcés de dévorer ceux qui s'écartent de la règle, et qui ne sont point en garde contre le danger de perdre la foi.