VII.
Ce sont là les doctrines des hommes et des démons, nées de la sagesse profane, pour charmer les oreilles curieuses. Le Seigneur a traité cette sagesse de folie, et a choisi ce qui est folie selon le monde, pour confondre la philosophie. La philosophie, qui entreprend de sonder témérairement la nature de la divinité et de ses décrets, a fourni matière à cette sagesse profane: c'est elle, en un mot, qui a inspiré toutes les hérésies. De là viennent les Eons, et je ne sais quelles formes bizarres, et la trinité humaine de Valentin, qui avait été platonicien. De là le dieu bon et pacifique de Marcion, sorti des stoïciens. Les épicuriens enseignent que l'ame est mortelle. Toutes les écoles de philosophie s'accordent à nier la résurrection des corps. La doctrine qui confond la matière avec Dieu, est la doctrine de Zenon. Parle-t-on d'un dieu de feu? c'est l'opinion d'Heraclite. Les philosophes et les hérétiques traitent les mêmes sujets, s'embarrassent dans les mêmes questions. D'où vient le mal et pourquoi est-il? D'où vient l'homme, et comment? Et d'où vient Dieu, comme l'a demandé récemment Valentin? c'est sans doute de la pensée et d'un avorton. Que je plains Aristote d'avoir inventé pour eux la dialectique, cet art de la dispute, également propre à détruire et à édifier, vrai Protée dans ses systèmes, outrée dans ses conjectures, bizarre dans le choix de ses sujets, fertile en contentions, contraire à elle-même, sans cesse défaisant tout ce qu'elle vient de faire! De là ces fables, ces généalogies sans fin, ces questions oiseuses, ces discours qui gagnent comme la gangrène, contre lesquels veut nous prémunir l'Apôtre, qui, dans son Epître aux Colossiens, avertit de se tenir en garde contre la philosophie: « Prenez garde que quelqu'un ne vous trompe au moyen de la philosophie et des discours séducteurs, selon la tradition des hommes, et contre la sagesse du Saint-Esprit. » Il avait été à Athènes, où il avait connu par lui-même cette sagesse profane qui se vante d'enseigner la vérité qu'elle corrompt, et divisée en plusieurs sectes, qui sont comme autant d'hérésies, ennemies jurées les unes des autres. Mais qu'y a-t-il de commun entre Athènes et Jérusalem, l'académie et l'Eglise, les hérétiques et les Chrétiens? Notre secte vient du portique de Salomon, qui nous a enseigné à chercher Dieu avec un cœur simple et droit. A quoi pensaient ceux qui prétendaient nous composer un Christianisme stoïcien, platonicien et dialecticien?