13. Il faut combattre les pensées charnelles dès leur origine.
Le premier soin que nous devons prendre pour purifier notre coeur, est d'en bannir tout souvenir de femme, que les ruses du démon pourraient y éveiller. Nous devons même éloigner celui de notre mère, de nos soeurs, de nos parents et des personnes pieuses que nous avons rencontrées. Il faut nous hâter d'en détourner notre pensée, de peur que le tentateur ne profite de l'occasion pour égarer notre esprit sur d'autres femmes, et y faire naître de dangereuses images.
Rappelons-nous sans cesse le précepte du Seigneur : « Gardez votre coeur avec tout le soin possible » (Genes., III, 15), et lâchons, nous aussi, de briser la tête du serpent, c'est-à-dire de découvrir le principe des pensées mauvaises qui pourraient se glisser dans notre âme; car, si la tête du démon pénétrait dans notre coeur par notre négligence, son corps y serait bientôt tout entier par notre consentement; et une fois qu'il y serait établi, nous péririons victimes de ses passions et de sa tyrannie. Nous devons détruire dès le matin les pécheurs qui s'élèvent de notre terre, c'est-à-dire nos pensées charnelles à leur naissance; nous devons briser sur la pierre les enfants de Babylone, lorsqu'ils sont encore petits. (Ps. CXXXVI, 12.) Car, si nous ne les tuons pas pendant qu'ils sont jeunes, si nous les laissons grandir par notre faute, ils se fortifieront et se révolteront pour nous perdre, et nous ne pourrons les vaincre qu'avec beaucoup de peine et de combats.
Quand le fort, c'est-à-dire notre esprit, est armé pour garder sa maison, quand il défend par la crainte de Dieu toutes les retraites de son coeur, il conserve en paix tout ce qu'il possède (S. Luc, XI, 21), c'est-à-dire le fruit de ses travaux et les vertus péniblement et longuement acquises. Mais si un ennemi plus fort survient et en triomphe, c'est-à-dire si le démon profite de son consentement, il s'emparera des armes dans lesquelles il mettait sa confiance, c'est-à-dire de la crainte de Dieu et de la pensée des saintes Écritures, et il partagera ses dépouilles en dissipant le mérite de ses vertus par les vices qui leur sont opposés.