14. Il y a trois sortes d'avarice.
Il y a trois sortes d'avarice, pour lesquelles nos Pères ont une égale horreur. La première, dont nous avons déjà parlé, est celle qui égare les malheureux religieux, en leur persuadant d'amasser des biens qu'ils ne possédaient pas même dans le monde. La seconde est celle qui les pousse à reprendre les biens auxquels ils avaient renoncé d'abord. La troisième est celle qui ne leur permet pas de se dépouiller entièrement de leur fortune, parce que leur détachement des choses de ce monde n'est pas parfait, dès le principe, et qu'ils redoutent, pour l'avenir, les privations de la pauvreté. Cet argent ou les choses qu'ils se réservent et qu'ils devraient abandonner, les empêcheront toujours d'atteindre la perfection évangélique.
Nous trouvons, dans les saintes Écritures, des exemples des ces trois chutes qui ont été rigoureusement punies. Giezi voulut acquérir des biens qu'il ne possédait pas auparavant, et non-seulement il ne mérita pas d'obtenir le don de prophétie qu'il pouvait espérer, comme un héritage de son maître, mais, au contraire, il fut condamné par la malédiction d'Élisée à une lèpre incurable. (IV Reg., V, 23.) Judas voulut reprendre l'argent qu'il avait méprisé en suivant le Christ , et non-seulement il perdit, par sa trahison, la dignité d'apôtre, mais il ne mérita pas même une mort naturelle, et termina sa vie par un suicide. Enfin Ananie et Saphire, pour avoir gardé une partie des biens qu'ils possédaient, furent punis de mort par l'organe de Pierre.