30. Remèdes contre l'avarice.
N'oublions pas la punition d'Ananie et de Saphire, et craignons de nous réserver quelque chose des biens auxquels nous avons promis de renoncer entièrement. Que l'exemple de Giezi nous fasse aussi trembler, et, puisque la honte d'une lèpre inguérissable a châtié son avidité coupable, gardons-nous d'acquérir des biens que nous n'avons pas possédés. Redoutons également le crime et la mort de Judas, et ne nous attachons en aucune manière à l'argent, une fois que nous l'avons méprisé.
Considérons, par-dessus tout, la triste condition de notre nature faible et incertaine, et veillons pour que le jour du Seigneur ne nous surprenne pas comme un voleur pendant la nuit et ne nous trouve la conscience souillée, ne fût-ce que d'une obole. Nous perdrions tout le fruit de nos sacrifices, et nous mériterions d'entendre ce reproche que Dieu fait au riche dans l'Évangile : «Insensé, cette nuit on te redemandera ton âme! A qui sera donc ce que tu as gardé. » (S. Luc, XII, 20.) Ne nous inquiétons donc jamais du lendemain, et ne nous laissons jamais détourner de la règle du monastère.