10. De la colère qui ne finit pas avant le coucher du soleil.
Que dirai-je, et comment le dire sans confusion, que dirai-je de ceux qui, non-seulement n'apaisent pas leur colère avant le coucher du soleil, mais qui la conservent pendant de longs jours. Ils gardent rancune à ceux contre lesquels ils se sont fâchés, et ils ont beau soutenir qu'ils ne sont pas en colère, leur conduite prouve le contraire avec évidence ; car ils ne leur parlent pas d'une manière convenable, et ne leur témoignent plus la même douceur. Ils s'imaginent ne commettre en cela aucune faute, parce qu'ils ne cherchent pas à se venger ; mais, s'ils n'osent pas ou ne peuvent pas montrer leur colère, ils la renferment en eux-mêmes pour leur malheur; ils la nourrissent en silence dans le fond de leur âme, et, au lieu de s'en délivrer avec courage, ils laissent les jours s'écouler et le temps finir par l'éteindre.