20. Y a-t-il des raisons légitimes de s'irriter contre son frère.
Il faut remarquer qu'on trouve dans quelques exemplaires de l'Évangile : « Celui qui s'irrite contre son frère, sans cause, mérite d'être condamné en justice. » Ces mots sans cause sont inutiles; ils ont été ajoutés par ceux qui pensent qu'on n'est pas obligé de combattre sa colère lorsqu'elle a de justes motifs. Mais quelqu'un dira-t-il qu'il s'irrite sans cause, quelque déraisonnable que soit sa colère? Ceux qui ont fait cette addition n'ont pas bien compris l'esprit de l'Évangile, qui veut retrancher en nous le principe de la colère, et nous en ôter tous les prétextes et toutes les occasions. Car, si nous pouvions nous mettre en colère pour des causes justes, nous serions bien souvent entraînés à nous mettre en colère sans cause. La patience ne consiste pas à se mettre en colère justement, mais bien à ne s'y mettre jamais. Quelques-uns, je le sais, disent que ces mots, sans cause, signifient qu'il est inutile de se mettre en colère, puisqu'il n'est pas permis alors de désirer se venger. Mais il est mieux d'adopter simplement le texte qui se trouve dans beaucoup d'exemplaires nouveaux et dans tous les anciens.