8. Du trouble que cause la paresse.
L'Apôtre ajoute : « Nous n'avons pas été une cause de trouble parmi vous. » Il veut prouver que, par son assiduité au travail, il n'a pas été parmi eux comme ceux qui ne veulent rien faire et qui tombent dans les désordres qu'entraîne toujours l'oisiveté. « Nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne. » Chaque mot du Docteur des nations donne de la force à son enseignement. Il a prêché l'Évangile et il n'a mangé gratuitement le pain de personne; il savait cependant que Notre-Seigneur avait dit lui-même que « ceux qui annoncent l'Évangile, peuvent vivre de l'Évangile » (I Cor., IX, 14), « et que tout ouvrier doit gagner sa nourriture. » (S. Matth., X, 10.)
Si l'Apôtre qui annonçait l'Évangile aux nation s et accomplissait une oeuvre si grande et si sublime, ne voulait pas, malgré le droit que lui avait donné le Christ, recevoir pour rien sa nourriture, que devons-nous faire, nous qui ne nous livrons pas à la prédication et qui n'avons à nous occuper que de notre âme? Comment oserions-nous prendre d'une main oisive ce pain que saint Paul, ce vase d'élection, au milieu des fatigues de la prédication, ne voulait pas manger sans l'avoir gagné à la sueur de son front? « Car, dit-il, nous avons travaillé, nous nous sommes fatigués , nuit et jour, pour ne pas vous être à charge. » (II Thess., III, 8.) Il donne encore plus de force à ses paroles, car il ne dit pas simplement : « Nous n'avons mangé gratuitement le pain d'aucun de vous. » S'il s'était arrêté là, on pourrait croire qu'il avait vécu par lui-même sans rien faire, avec l'argent qu'il s'était réservé ou avec des aumônes et des présents qu'il aurait reçus d'ailleurs. « Mais, dit-il, nous avons travaillé nuit et jour, avec peine et fatigue. » Nous nous sommes donc soutenu nous-même, et nous ne l'avons pas fait par caprice, pour nous distraire ou nous reposer des fatigues de la prédication, mais par nécessité, pour avoir de quoi vivre; et nous l'avons fait très-péniblement, car nous avons gagné notre pain, en travaillant, non-seulement pendant le jour, mais encore pendant la nuit, qui semble donnée à l'homme pour le repos du corps.