20. D'un religieux paresseux qui voulait éloigner ceux dont il craignait l'exemple.
Nous connaissons un religieux dont nous dirions le nom, si cela pouvait être utile à ceux qui nous liront.
Il habitait un monastère où il était obligé de présenter chaque jour à l'économe un certain ouvrage déterminé. Dans la crainte que l'ardeur de quelque religieux ne fît augmenter le travail demandé ou que son exemple ne le couvrît de confusion, dès qu'il en voyait un qui montrait plus de zèle que les autres , il cherchait par ses insinuations à changer ses idées et à lui persuader même de quitter le monastère; et, pour y parvenir plus facilement, il prétendait que , depuis longtemps, il souffrait de bien des choses, et qu'il serait déjà parti, s'il avait trouvé un compagnon ou les moyens pour le faire. Lorsqu'il avait obtenu son consentement, en disant ainsi beaucoup de mal de son monastère, il fixait l'heure de son départ et le lieu où ils devaient se rencontrer; mais, au lieu de l'aller rejoindre, il restait dans sa cellule, tandis que celui qu'il avait décidé à partir n'osait plus retourner parmi ses frères qu'il avait abandonnés. Ce seul exemple suffira pour mettre en garde, contre ces personnes, ceux qui entrent dans les monastères, et pour leur faire comprendre combien de mal l'oisiveté fait naître dans l'esprit des religieux, et, comme le dit l'Écriture, combien les entretiens coupables corrompent les bonnes moeurs. (I. Cor., XV, 33.)