15. La vaine gloire enivre l'esprit.
Je me souviens de l'histoire d'un vieillard que je connus, lorsque j'habitais le désert de Scethé. Il allait un jour rendre visite à un frère, et, en approchant de la porte de sa cellule, il l'entendit parler à l'intérieur. Il s'arrêta un instant pour écouter quel passage de l'Écriture sainte il lisait ou récitait selon l'usage des solitaires. Il fut bien surpris, dans sa pieuse curiosité, de reconnaître que l'esprit de vaine gloire égarait ce pauvre religieux qui se croyait dans une église, et faisait un sermon. Le bon vieillard voulut en attendre la fin; mais il reconnut alors que le solitaire changeait de ministère et faisait les fonctions de diacre à la messe des catéchumènes. Il frappa enfin. Le religieux sortit et salua son visiteur avec tout le respect qu'il avait l'habitude de lui témoigner; mais comme sa conscience était troublée de ce qu'il venait de faire, il lui demanda s'il avait eu le malheur de le faire attendre trop longtemps à la porte. Le vieillard lui répondit en souriant : « J'arrivais lorsque vous chantiez la messe des catéchumènes. »