3. Des épreuves de ceux qui se présentent pour être admis dans les monastères.
Celui qui désire suivre la règle d'un monastère, n'y est admis qu'après y être resté dix jours et même davantage, couché à la porte du couvent, et y avoir donné des preuves de sa persévérance, de sa patience et de son humilité. Il se prosterne aux genoux de tous les frères qui passent, et il en est repoussé et rebuté à dessein, comme si ce n'était pas par religion, mais par nécessité qu'il désirait entrer dans le monastère. On l'accable d'injures et de reproches pour éprouver sa constance, et voir s'il sera capable de supporter les affronts et de résister aux tentations. Lorsqu'on l'admet après cette épreuve, on a grand soin de le dépouiller de tout ce qu'il possède, et de ne pas lui laisser une seule pièce de monnaie. Les supérieurs savent bien qu'il ne pourrait pas suivre longtemps la règle du monastère, y pratiquer l'obéissance et l'humilité, et y vivre heureux dans les privations et la pauvreté, s'il pouvait se dire intérieurement qu'il possède encore quelque argent caché ; car dès qu'il éprouverait quelque trouble, la pensée de la ressource qu'il s'est réservée, le ferait sortir du monastère, comme la pierre lancée par une fronde.