21. Du zèle de quelques religieux à servir leurs frères.
Nous avons connu des frères, pendant la semaine desquels le bois manqua si bien, qu'il n'y en avait pas un morceau pour faire cuire la nourriture des solitaires. L'abbé ordonna qu'on se contenterait de légumes crus tant qu'on ne pourrait s'en procurer d'autres, et les religieux se soumirent avec joie à cette nécessité. Mais ceux qui étaient de semaine, craignant de perdre la récompense de leurs peines, s'ils ne préparaient pas la nourriture de la communauté comme à l'ordinaire, s'imposèrent volontairement une tâche bien difficile. Ils parcoururent les lieux arides et stériles, où il n'y a pas même de broussailles, comme dans nos contrées , et où on ne trouve que les branches coupées des arbres fruitiers, et ils traversèrent le désert jusqu'à la mer Morte, ramassant les petits débris et les épines que le vent y disperse, et les rapportant au monastère, afin de préparer les aliments. Ainsi grâce à leur zèle et à leur dévouement pour leurs frères , rien ne fut changé au repas. Ils auraient bien pu s'excuser sur le manque de bois et sur l'ordre du supérieur; mais ils ne voulurent pas abuser de la permission et se priver de leur peine et de leur récompense.