5. Tous ne peuvent pas suivre la même règle pour le jeûne.
Il est difficile de garder pour le jeûne une règle uniforme, car la force du corps est variable dans tous les hommes , et ce n'est pas avec l'âme seulement qu'on pratique l'abstinence, comme les autres vertus. L'énergie de la volonté ne suffit pas, il faut aussi que la santé le permette. Voici la tradition à ce sujet : le moment du repas, la quantité et la qualité des aliments doivent varier selon la santé, l'âge ou le sexe.
Chacun cependant doit avoir pour règle le désir de se mortifier et de vaincre sa volonté. Tous ne peuvent pas jeûner une semaine entière, ni même deux ou trois jours. Beaucoup, à cause de leurs infirmités ou de leur vieillesse, ne sauraient sans souffrir attendre, pour manger, le coucher du soleil; tous ne peuvent se contenter de quelques légumes à l'eau, de quelques plantes sans assaisonnement ou de pain sec. Quelques-uns mangent deux livres de pain sans inconvénient, tandis que d'autres ne peuvent en supporter une livre ou même six onces. Mais tous, malgré ces différences, suivent une seule règle, celle de ne jamais dépasser leurs besoins et de ne pas céder à la gourmandise. Ce n'est pas seulement la qualité, mais aussi la quantité qui émousse la vigueur de l'âme. L'esprit s'appesantit avec la chair par l'excès de la nourriture, qui allume malheureusement en nous le foyer de tous les vices.