28.
Animés donc de l'espérance de notre résurrection future, « faisons servir les membres de notre corps à la justice pour notre sanctification, de même que nous les avons fait servir à l'impureté et à l'injustice, afin de mener une vie nouvelle après notre résurrection. Comme la vie de Jésus-Christ paraît dans notre chair mortelle, ainsi celui qui a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts donnera aussi la vie à nos corps mortels , parce que son esprit habite en nous. » Car il est bien juste qu'après avoir toujours « porté en notre corps une image de la mort de Jésus-Christ, la vie de Jésus paraisse aussi dans notre corps mortel,» c'est-à-dire dans une chair qui est mortelle de sa nature, mais que la grâce a rendue immortelle.
Saint-Etienne a vu Jésus-Christ debout à la droite de son Père. Dieu ayant couvert de lèpre la main de Moïse , lui rendit ensuite sa couleur naturelle: dans l'un et l'autre de ces états, c'était toujours la même main. Ce potier dont parle Jérémie, qui avait laissé tomber sur un tas de pierres le vase qu'il faisait, reprit de la même argile et refit ce vase brisé. Le mot de résurrection fait assez voir que ce qui ressuscite n'est point différent de ce qui était mort. On ajoute, « des morts , » pour montrer que les morts reprendront leur propre chair. C’est la chair qui meurt en l'homme , et c'est à la chair qu'on redonne la vie ; semblable à ce pauvre homme qui fut blessé sur le chemin de Jéricho, on la porte tout entière dans l'hôtellerie du ciel , et on guérit par le baume de l'immortalité les plaies que le péché lui avait faites. A la mort du Seigneur « les sépulcres s'ouvrirent, le soleil s'éclipsa, la terre trembla et plusieurs corps des saints se tirent voir dans la ville de Jérusalem. » « Qui est celui, dit Isaïe, qui vient d'Edom et de Bosor, avec sa robe teinte en écarlate, et dont les vêtements sont si éclatants?» Edom veut dire «qui est de terre, » ou « de couleur de sang : » et Bosor signifie « chair, » ou, « celui qui est dans la tribulation. » Ce prophète nous explique en peu de mots tout le mystère de la résurrection, qui consiste et dans la vérité de la chair, et dans un accroissement de gloire ; comme s'il disait : Qui est celui qui sort de la terre et qui parait tout couvert de sang ? dont les vêtements sont tout rouges de vin nouveau, parce que selon la prophétie de Jacob, « il a attaché son ânon à la vigne , » et qu'il « a foulé seul le vin sur le pressoir. » Il vient de « Bosor , » c'est-à-dire de la chair, ou d'un monde où il a passé par toutes sortes de « tribulations, » parce qu'il a vaincu le monde. Ses habits sont rouges et éclatants, parce que « il surpasse en beauté tous les enfants des hommes ; » l'éclat de ses vêtements est un effet de la gloire de son triomphe. L'on peut appliquer à la chair de Jésus-Christ ressuscité ce que dit le sage : « Qui est celle-ci qui s'élève avec des habits blancs, et qui est appuyée sur son bien-aimé? » Ceux-là l'imitent « qui n'ont point souillé leurs vêtements dans un honteux commerce, » et qui, ayant toujours conservé leur virginité, se sont rendus eunuques eux-mêmes pour gagner le royaume du ciel ; c'est pour cela que « ils sont revêtus de robes blanches. » Alors, on verra l'accomplissement de ce que dit le Seigneur : « Je ne perdrai rien de ce que mon Père m'a donné, mais je le ressusciterai au dernier jour ; » c'est-à-dire qu'il ressuscitera l'homme tout entier, comme il l'avait uni tout entier à sa nature divine. Alors, ce divin Sauveur rapportera sur ses épaules la brebis qui s'était égarée et perdue ici-bas, et. elle trouvera, cette brebis , dans la bonté et la clémence de son juge une ressource à ses langueurs et à ses faiblesses. Alors, Jésus-Christ paraîtra aux yeux de ceux qui l'ont fait mourir, et qui ont crié : « Crucifiez-le , crucifiez-le! » Tous les peuples, hommes et femmes, se frapperont la poitrine ; ces femmes , dis-je, auxquelles Jésus-Christ , chargé de sa croix, disait autrefois : « Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi , mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. » Alors, on verra s'accomplir ce que les anges prédirent aux apôtres , qui regardaient avec admiration Jésus-Christ montant au ciel : « Ce Jésus, qui , en se séparant de vous, s'est élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'y avez vu monter. »