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Vie de Saint Malc
8.
Étant retourné au lieu où je couchais, ma femme de nom vint au-devant de moi. Je ne pus cacher dans mon visage la tristesse que j'avais dans le cour : elle me demanda pourquoi j'étais si abattu : je lui en dis la cause. Elle m'exhorta à la fuite et me supplia d'avoir pour agréable qu'elle me tint compagnie. Je lui demandai le secret, elle me le promit; et, nous entretenant souvent en particulier, nous flottions entre l'espérance et la crainte.
J'avais deux boucs dans mon troupeau d'une merveilleuse grandeur : je les tuai pour me servir de leur peau à ce que je vais dire, et de leur chair pour nous nourrir en chemin. Aussitôt que la nuit s'approcha, nos maîtres pensant que nous étions couchés ensemble, nous nous mimes en chemin, portant ces peaux de bouc et une partie de leur chair. Etant arrivés au fleuve qui est à dix milles de là, nous enflâmes ces peaux, montâmes dessus et nous laissâmes aller au fil de l'eau; remuant seulement un peu les pieds pour nous en servir comme d'avirons afin que le fleuve, nous portant en bas et nous faisant aborder de l'autre côté du rivage, beaucoup plus loin que le lieu d'où nous étions partis, ceux qui voudraient nous suivre perdissent notre piste. Une partie de la chair que nous portions s'étant mouillée et l'autre étant tombée dans l'eau, à peine nous en restait-il pour trois jours. Nous bûmes par-delà notre soif pour nous préparer à celle que nous devions souffrir. Nous courions plutôt que de marcher, regardant toujours derrière nous, et avancions davantage la nuit que le jour, tant par la crainte des Arabes, qui faisaient des courses de tous côtés, qu'à cause de L'ardeur excessive du soleil. Je tremble encore en vous rapportant ceci et tout le corps m'en frémit, bien que je sois en sûreté.
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The Life of Malchus, the Captive Monk
8.
When I returned to my chamber, my wife met me. My looks betrayed the sadness of my heart. She asked why I was so dispirited. I told her the reasons, and exhorted her to escape. She did not reject the idea. I begged her to be silent on the matter. She pledged her word. We constantly spoke to one another in whispers; and we floated in suspense betwixt hope and fear. I had in the flock two very fine he-goats: these I killed, made their skins into bottles, and from their flesh prepared food for the way. Then in the early evening when our masters thought we had retired to rest we began our journey, taking with us the bottles and part of the flesh. When we reached the river which was about ten miles off, having inflated the skins and got astride upon them, we intrusted ourselves to the water, slowly propelling ourselves with our feet, that we might be carried down by the stream to a point on the opposite bank much below that at which we embarked, and that thus the pursuers might lose the track. But meanwhile the flesh became sodden and partly lost, and we could not depend on it for more than three days’ sustenance. We drank till we could drink no more by way of preparing for the thirst we expected to endure, then hastened away, constantly looking behind us, and advanced more by night than day, on account both of the ambushes of the roaming Saracens, and of the excessive heat of the sun. I grow terrified even as I relate what happened; and, although my mind is perfectly at rest, yet my frame shudders from head to foot.