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Werke Hieronymus (347-420) Traité sur les devoirs d'un traducteur des livres sacrés

7.

L'évangéliste saint Luc , cet homme apostolique , rapporte que saint Etienne , premier martyr dé Jésus-Christ, parlant aux Juifs assemblés dans le sénat, leur dit: « Jacob, suivi de toute sa famille qui consistait en soixante et quinze personnes, descendit en Egypte, où il mourut et nos pères après lui; et ils furent transportés en Sichem, et on les mit dans le sépulcre qu'Abraham avait acheté à prix d'argent des enfants d’Emor, père de Sichem. » Cet endroit est exprimé d'une manière toute différente dans la Genèse, où il est marqué qu'Abrabam acheta d'Ephron, de la ville de Heth, fils de Séor, pour la somme de quatre cents dragmes d'argent, une caverne double avec un champ tout attenant, et proche la ville d'Hebron, et qu'il y enterra sa femme Sara. Nous lisons encore dans le même livre que Jacob, revenant de Mésopotamie avec ses femmes et ses enfants, dressa ses tentes vis-à-vis Salem, qui est une ville des Sichimites dans le pays de Chanaan, qu'il y demeura et acheta d'Emor, père de Sichem, pour le prix de cent agneaux, une partie du champ où il avait dressé ses tentes, et qu'ayant construit là un autel, il y invoqua le Dieu d'Israël. Ce ne fut point d’Emor, père de Sichem, qu'Abraham, acheta une caverne, mais d'Ephron, fils de Séor; gît ce patriarche ne fut point enterré à Sichem, mais à Hébron, qu'on appelle par corruption Arboch. Pour ce qui est des douze patriarches, Ils n'ont point été enterrés à Arboch, mais à Sichem ; et ce fut Jacob et non pas Abraham qui acheta le champ où ils furent enterrés. Je me réserve à expliquer une autre fois cette difficulté, car je suis bien aise de laisser à mes censeurs à en chercher le dénouement, afin de leur faire comprendre que, dans l'explication de l’Ecriture sainte, on doit s'attacher au sens et non point aux paroles.

Le vingt et unième psaume selon l’hébreu commence par ces paroles que notre Seigneur dit sur la croix : Eli, Eli, lama azabthani, c'est-à-dire : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné? » Je demande à ces messieurs pourquoi les Septante ont inséré ici ces mots, « Jetez les yeux sur moi; » Car voici ce que porte leur version : « O Dieu, ô mon Dieu, jetez les yeux sur moi; pourquoi m’avez-vous abandonné? » Ils me répondront sans doute que l'addition de deux mots ne porte aucun préjudice au sens des Ecritures; et moi je leur dis de même que quelques mots que j'aurai omis dans un ouvrage dicté à la hâte ne donnent aucune atteinte aux usages établis dans l'Eglise.

Je serais trop long si je voulais entrer ici dans le détail de tout ce que les Septante ont omis ou ajouté dans leur version. On a eu soin de le marquer avec des obèles1 et des astérisques dans les exemplaires dont l'Eglise se sert. Car les Hébreux se moquent de nous quand ils nous entendent dire ce que nous lisons dans le prophète Isaïe: « Heureux celui qui a des enfants dans Sion et des domestiques dans Jérusalem ; » et dans Amos, après la description que fait ce prophète du luxe et de la mollesse des Israélites: « Ils ont regardé tout cela comme quelque chose de solide et de durable, et non pas comme des biens passagers qui nous échappent. » En effet ces expressions sentent récole, et tiennent quelque chose de l’éloquence de Cicéron.

Quel parti donc prendrons-nous, puisque tous ces passages, et plusieurs autres que je ne pourrais citer ici sans entreprendre de faire une infinité de volumes, ne se trouvent point dans les livres originaux ? Car on peut juger et par les astérisques, comme j'ai déjà dit, et par ma traduction, si quelque, lecteur exact veut bien se donner la peine de la confronter avec l'ancienne version, tout ce que les Septante ont omis. Cependant c'est avec bien de la raison que cette version est reçue comme authentique dans toutes les Eglises, soit parce qu'elle est la plus ancienne, ayant été faite avant Jésus-Christ, soit parce que les apôtres l'ont suivie dans les endroits néanmoins où elle s'accorde avec le texte hébreu. Pour ce qui est d'Aquila, ce Juif prosélyte, cet interprète vétilleux qui s'applique à traduire non-seulement les paroles, mais encore l'étymologie des mots, c'est avec justice que nous rejetons sa version , est-il rien de moins supportable et de moins intelligible que de traduire, comme il a fait, les mots « froment, vin » et « huile» par ces mots grecs, Xeuma, oprismon, et silpnotera, que nous pouvons expliquer par ceux-ci: « effusion, abondance de fruits, éclat.» Et parce que les Hébreux ont non-seulement des articles, mais encore des particules connexives, ce scrupuleux interprète, qui porte son exactitude jusqu'à traduire les syllabes et les lettres, ne craint point de dire2 : sio ton ouranon kai suo trio gen ; » ce que la construction grecque et latine ne saurait souffrir, comme il est aisé d'en juger par notre manière de parler; car combien la langue grecque a-t-elle d'expressions propres et naturelles qui ne peuvent faire aucun sens dans le latin dès qu'on veut s'assujettir à les rendre mot à mot ! Il en est de même de la langue latine, dont les tours les plus beaux et les plus délicats choquent les Grecs, et perdent dans leur langue toute leur beauté quand on veut les traduire à la lettre.


  1. Obèle est une marque en forme de petite broche dont Origène, et saint Jérôme après lui, se sont servis pour marquer ce que les Septante avaient ajouté dans leur version. Astérisque est une petite marque en forme d'étoile dont ils se sont servis pour marquer ce que ces interprètes avaient omis. ↩

  2. Saint Jérôme reproche ici à Aquila son affectation à traduire mot à mot, lettre à lettre et syllabe pour syllabe, et il veut dire: Fallait-il, parce que les Hébreux ont des articles et des particules connexives, qu'Aquila rendit mot pour mot ce texte hébreux Eth hasschamain veeth haarets , par ces mots grecs : smi ton ouranon kai smu ten ges ; ce que la construction grecque et latine ne saurait souffrir; car les Latins ne disent pas Movebo ou creavit cum hoc cœlum, et cum hanc terram. ↩

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Traité sur les devoirs d'un traducteur des livres sacrés

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