Septième question.
Comment accorder ce que nous lisons dans saint Mathieu et dans saint Marc, que lés femmes qui étaient allées au sépulcre avaient eu ordre de dire aux apôtres qu'ils eussent à aller en Galilée et que là ils verraient le Seigneur, avec ce que disent saint Luc et saint Jean, qu'il se fit voir à Jérusalem?
Il y a bien de la différence entre la manière dont le Sauveur apparut aux onze apôtres, «lorsque la crainte qu'ils avaient des Juifs les obligeant à se tenir cachés, il entra dans le lieu où ils étaient, les portes étant fermées, et qu'il leur montra les plaies de ses mains et de son côté, » pour les convaincre qu'il n'était pas un esprit comme ils se l’imaginaient; et entre celle dont il se montra à eux lorsqu'il leur fit voir, comme dit saint Luc, « par beaucoup de preuves, qu'il était vivant, leur apparaissant pendant quarante jours, et leur parlant du royaume de Dieu; et qu'en mangeant avec eux il leur commanda de ne point partir de Jérusalem, mais d'attendre la promesse du Père. » Car dans l'une il se faisait voir à ses apôtres pour les consoler et dissiper leur crainte, ne se montrant à eux que pour peu de temps, et disparaissant aussitôt à leur yeux, au lieu que dans l’autre il conversait avec ses disciples si longtemps et avec tant de familiarité qu'il mangeait même avec eux. C'est pourquoi l'apôtre saint Paul dit que Jésus-Christ se fit voir en même temps à plus de cinq cents de ses disciples. Nous lisons aussi dans saint Jean que, lorsque les apôtres pêchaient , il parut sur le rivage et mangea « un morceau de poisson rôti et un rayon de miel, leur faisant voir par là d'une manière très sensible qu'il était véritablement ressuscité. Or nous ne voyons point qu'il a rien fait de semblable à Jérusalem.