7.
Origène, dans ses commentaires sur la première épître de saint Paul aux Thessalonieiens, après avoir traité plusieurs questions avec beaucoup de solidité et d'éloquence, s'explique en ces termes sur celles-ci dans le troisième livre, d'où il paraît qu'Acace a pris bien des choses. « Comment doit-on entendre ce que saint Paul, Sylvain et Timothée écrivent aux fidèles de Thessalonique? « Nous vous déclarons, comme l'ayant appris tau Seigneur, que nous qui vivons et qui sommes réservés pour son avènement, nous ne préviendrons point ceux qui sont déjà dans le sommeil de la mort. » Qui sont ceux qui parlent de la sorte et qui se flattent d'être encore en vie à ce dernier jour ? C'est saint Paul, «cet apôtre qui n'a point été envoyé de la part des hommes, ni élevé à l'apostolat par les hommes; » c'est Timothée, » son très-cher disciple dans la foi; » c'est Sylvain, qui leur est étroitement uni par les liens que forment l'amitié et la vertu. Tous ceux qui, comme saint Paul, sont remplis de la science des saints et mènent une vie pure et innocente, peuvent dire aussi bien que lui: « Nous qui vivons, » c'est-à-dire : nous dont à la vérité le corps est mort par le péché, mais dont l'esprit est vivant par la justice; nous qui avons fait mourir les membres de l'homme terrestre qui est en nous, en ce que la chair n'a plus de désirs contraires à ceux de l'esprit. Car si la chair forme encore des désirs elle est vivante, et les membres de l’homme terrestre qui est en nous ne sont pas encore morts; mais quand on a eu soin de les faire mourir ils n'ont plus de désirs contraires à ceux de l'esprit, et la cupidité s'éteint en eux avec la vie. Comme donc ceux à qui ont passé de la vie présente à une vie plus heureuse vivent d'une manière plus parfaite, dégagés qu'ils sont des liens du corps et affranchis du joug de cupidité , de même ceux qui portent toujours en leurs corps la mort de Jésus ne vivent point selon la chair mais selon. l'esprit, parce qu'ils vivent en celui qui est la vie et que Jésus-Christ vit en eux, lui qui est la. vertu et la sagesse de Dieu, et dont il est écrit : « La parole de Dieu est vivante et efficace. » En effet ceux-là sont véritablement vivants qui; délivrés de toutes les faiblesses humaines, ont pour principe de leur vie et de leurs actions la justice et la vertu de Dieu et cette sagesse qui est cachée en Dieu; car Jésus-Christ nous a été donné par Dieu pour être non-seulement notre justice, mais. notre sagesse et tout ce qui s'appelle vertu.
« Si les auteurs de cette épître ne se distinguaient que dans ce seul endroit de ceux qui dorment et qui sont morts en Jésus,Christ, il serait inutile de s'y arrêter et de faire fond sur un seul passage ; mais saint Paul, écrivant aux Corinthiens, s’explique encore dans le même sens et dans le même esprit. « Nous ne dormirons pas tous, » dit cet apôtre,« mais nous serons tous changés en un moment, en un clin d'œil, au son de la dernière trompette; car la trompette sonnera et les morts ressusciteront en un état incorruptible, et alors nous serons changés. » Comparez ce passage de l'épître aux Thessaloniciens : «Aussitôt que le signal aura été donné par le son de la trompette de Dieu, le Seigneur lui-même descendra du. ciel,» avec celui de l'épître aux Corinthiens : « Car la trompette sonnera, etc. » Comparez aussi ces paroles de la même épître aux Thessaloniciens : « Et ceux qui seront morts en Jésus-Christ ressusciteront les premiers, » avec celles-ci de l'épître aux fidèles de Corinthe : « Et les morts ressusciteront en un état incorruptible. » Comparez enfin ce que saint Paul dit dans celle-ci : « Et alors nous serons changés, » avec ce qu'il ajoute dans celle-là : « Puis nous autres qui sommes vivants et qui serons restés jusqu’alors ; » et vous verrez qu'on peut expliquer ces passages de cette manière: Nous qui sommes vivants et qui serons réservés jusqu'alors, nous qui serons changés et qui ne sommes point du nombre de ceux qu'on appelle « morts,» mais qui sommes vivants; nous attendons non point dans la mort, mais. dans la vie, la présence et l'avènement du Seigneur, parce que nous sommes de la race d'Israël et de ce petit nombre d'élus dont le Seigneur a dit autrefois: « Je me suis réservé sept mille hommes qui n'ont point fléchi le genou devant Baal. » Jésus-Christ, dans l’évangile selon saint Jean, nous décrit deux sortes de vivants et de morts. « Celui qui croit en moi, , dit-il, « quand il sera mort vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra point à jamais. » Si l'on prend le mot « vivants » dans le sens que nous avons déjà marqué, on doit croire aussi que ceux qui dorment et qui sont morts en Jésus-Christ sont ceux qui, voulant vivre selon ses maximes, sont néanmoins morts par le péché. Or si l'on appelle « vivants » ceux qui sont du petit nombre de ceux que Dieu a choisis selon sa grâce, on doit dire aussi que ceux qui n'ont pas la même foi et qui ne sont point de la noble race d'Israël « dorment, » c'est-à-dire: sont morts en Jésus-Christ.