Chapitre LII.
L'osdigan, après avoir séjourné douze jours dans l'endroit où il était, s'avança et marcha vers le nord-est de la métropole Tovin. Puis il vint se placer sur les bords du fleuve Araxe (Iérask’h), et alors l'ischkhan de Siounie (Siounuk’h), Soup'han, se mit en marche, arriva promptement auprès de l'osdigan et se livra lui-même à sa puissance. Ce qui est étonnant, c'est qu'après cela la perfide méchanceté de Youssouf augmenta encore contre le roi. L'osdigan prépara dans son esprit une nouvelle trahison ; il envoya vers le roi Sempad, pour exiger que ce prince payât entièrement le tribut d'une année, promettant, après le payement fait, de lui accorder une paix véritable et de s'en aller ensuite. Mais le roi, en voyant la lettre, ne conçut aucune joie des paroles de son ennemi, ami du trouble. Par la condamnation de Dieu et celle des hommes, Youssouf, en effet, emporté hors de lui-même, fit immédiatement la demande (d'une somme) du poids de soixante mille tahékans. Quand il les eut reçus, il s'avança promptement contre Sempad ; l'obligea à se retirer vers le pays des Ibériens, et le poursuivit jusqu'à ce qu'il l'eût contraint de se jeter dans le fort inaccessible de Géghardchk'h.
Pendant ce temps j'étais retenu prisonnier dans la ville de Tovin et chargé de chaînes de fer. Je souffrais de la part des bourreaux toutes les horreurs de la mort par les coups, la prison, le pillage et la contrainte, dans un endroit ténébreux et obscur ; on me jeta dans un puits, dans un abîme sec où j'éprouvai des tourments amers et violents ; mes gardiens empêchaient qu'on ne pût entendre au loin mes cris violents et mes justes gémissements, qui duraient depuis le soir jusqu'à l'aurore ; le repos déjà nuit m'était totalement enlevé, et jamais je ne pouvais trouver un instant de tranquillité.
