Chapitre LI.
Le printemps commençait à se montrer du côté du midi, et le froid de l'hiver s'éloignait de la saison ; l'osdigan réunit et rassembla une nombreuse armée, puis se mit en marche, et s'avançant, fondit sur notre pays.1 Avec une dureté de cœur inexorable, il m'avait amené à sa suite, chargé de fers. En s'avançant encore, il parvint à Nakhidchévan et y resta quelques jours, jusqu'à ce que des messagers vinrent lui annoncer que Gagig et Gourgen arrivaient et qu'ils avaient des troupes avec eux. Après cela un corps de troupes incendiaires partit et se porta vers le pays de Siounie. Le prince général et ischkhan de Siounie, avec ses frères et l'aide de son armée, se mit promptement en marche pour aller à la rencontre de ceux qui s'avançaient, et pour se poster dans les gorges de la route, résolu à combattre vaillamment et à s'illustrer par de grands exploits. On prit les armes ; on se conduisit avec bravoure, et on culbuta et détruisit un grand nombre d'hommes. Cependant le Seigneur, à cause de son indignation, ne jeta pas un regard sur l'armée de Siounie, et le général ne parvint pas à vaincre la rage des ennemis. Il frit repoussé avec ses troupes, qui prirent la fuite et se retirèrent dans des forts de pierres, ou se jetèrent dans la vallée des hautes montagnes. L'infidèle se mit à la poursuite des fuyards, et pénétra partout où il sut qu'ils s'étaient réfugiés ; quelques-uns s'échappèrent et s'enfuirent d'un autre côté ; quelques autres furent donnés pour pâture à l'épée, et d'autres enfin furent emmenés en esclavage. Cela arriva un jour de fête, le grand jour de Pâques, l'an 358 de notre ère arménienne.
La guerre entre le roi Sempad et l'osdigan Youssouf, allié avec le roi Gagig et avec Gourgen, frère de celui-ci, commença en l'année 909 de notre ère, qui correspond à l'an 358 de l'ère arménienne. ↩
