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Werke Nemesios von Emesa (350-420) De natura hominis De la nature de l'homme

Chapitre XLII. DE LA PROVIDENCE.

Noos avons montré précédemment d'une manière suffisante, que l'homme possède le libre arbitre, quelles sont les choses qui dépendent de lui, et pour quelle raison il a été doué de la liberté.

Mais tout homme qui a résolu de commettre un meurtre ne le commet pas; en effet, tantôt il accomplit son crime, et tantôt il ne peut pas l'accomplir, parce que l'exécution de son dessein rencontre des obstacles qui l'arrêtent : or, nous avons dit que ces obstacles dépendent de la providence et non de la fatalité. Il est donc convenable de parler de la providence, après avoir parlé de ce qui est en notre pouvoir. Ce sujet comprend aussi trois questions. Premièrement, y a-t-il une providence? secondement, en quoi Consiste-t-elle? troisièmement, à quoi s'applique-t-elle?

242 Quel serait le Juif assez insensé pour ne pas reconnaître l'existence de la providence, après avoir entendu raconter les miracles de l'Egypte, et ceux du désert, dans lesquels la puissance de la providence s'est manifestée de la manière la plus éclatante; après avoir lu l'histoire des prophètes, et celle de la captivité de Babylone, qui en offrent aussi un grand nombre de preuves incontestables?

Les Chrétiens peuvent également apprendre l'existence de la providence par toutes ces choses, mais bien plus encore par la preuve signalée que la providence a donnée du soin admirable qu'elle prend des hommes, en ce que Dieu lui-même s'est fait homme pour nous.

Mais ce n'est pas eux seulement que nous voulons convaincre, nous nous adressons aussi aux Grecs, et nous allons leur démontrer l'existence de la providence par des argumente propres à les persuader.

On peut prouver l'existence de la providence de la même manière que nous avons prouvé celle de Dieu. Or, la perpétuité des choses, surtout de celles qui naissent et qui meurent, la place donnée à tous les êtres, Tordre qu'ils conservent toujours invariablement, le cours des astres qui ne change jamais, le cercle de l'année, la vicissitude régulière des saisons, l'égalité annuelle des nuits et des jours qui a lieu parce que leur accroissement et leur diminution se produit cons- 243 tamment d'une manière uniforme, et avec la plus grande précision, tout cela pourrait-il subsister, et conserver son harmonie, si la providence n'y veillait.

D'un autre côté, le châtiment qui suit toujours les fautes, et, bien plus encore, la révélation de ces foutes elles-mêmes, qui se fait quelquefois, bien qu'elles aient été commises sans témoins, sont des preuves évidentes de l'existence de la providence. Les livres des Juifs et ceux des Grecs sont pleins de traits de ce genre. Telle est l'histoire de Susanne que nous lisons dans l'Ecriture-Sainte : telle est encore celle du poète Ibycus que les Grecs nous ont conservée.

Tombant sous les coups de quelques meurtriers, sans avoir personne pour le défendre, ou pour dévoiler le crime qui lui ôtait la vie, Ibycus vit passer des grues, et il s'écria : Ô grues, vengez ma mort. Ses concitoyens cherchèrent en vain à découvrir les coupables. Mais un jour que le peuple assistait à la représentation d'une pièce, des grues passèrent au dessus du théâtre. Les meurtriers se mirent à rire en les voyant, et ils dirent : Voilà les vengeurs d'Ibycus. Quelqu'un qui se trouvait assis près d'eux, entendit ces paroles, et alla les rapporter aux magistrats : ces hommes furent arrêtés, et ils avouèrent leur crime.

On voit beaucoup d'histoires de ce genre dans les anciens auteurs, et il serait trop long de les 244 rapporter. Mais si les crimes ne sont pas toujours découverts, si leurs auteurs parviennent quelquefois à rester ignorée, on ne doit pas en conclure qu'il n'y a pas de providence. Car la providence ne s'occupe pas des hommes sous un point de vue seulement, mais elle veille sur eux de plusieurs manières différentes.

La structure et la proportion toujours régulière des corps qui naissent et qui périssent nous montrent encore évidemment l'existence de la providence. Car son soin se manifeste dans chaque partie du corps; et ceux qui veulent en foire une étude attentive peuvent en prendre connaissance dans plusieurs livres. La variété des couleurs que l'on voit dans les animaux, et qui les ornent toujours d'une semblable manière, proclame aussi l'existence de la providence.

L'accord qui existe entre tous les hommes au sujet des prières que l'on doit adresser à la divinité, des offrandes et des sacrifices que l'on doit lui foire, nous fournit une nouvelle preuve de l'existence de la providence. En effet, si die ne prenait pas soin de l'univers, comment y aurait-il des prières? par qui, et à qui seraient-elles adressées? La providence se manifeste aussi par le zèle avec lequel nous nous portons naturellement au bien, lorsque nous n'avons pas te cœur perverti : car nous n'attendons que [d'elle notre récompense, et nous répandons nos bienfaits sur ceux dont nous n'avons aucun retour à espérer.

245 Supprimez la providence, et dès lors l'injustice est permise à tous ceux qui peuvent la commettre; il n'y a plus de bienfaisance envers les pauvres* de crainte de Dieu, de vertu, ni de piété. Car si Dieu ne gouverne pas le monde par sa providence, il ne punit pas les méchants, il ne récompense pas les gens de bien, il ne vient point au secours des opprimés. Qui voudra donc alors adorer un Dieu dont il n'aura absolument rien à attendre? En outre, les prophéties et la prescience ne sont plus possibles : ce qui est tout-à-fait contraire à ce que nous voyons arriver presque tous les jours. Car, Dieu est apparu plusieurs fois, quand il Ta jugé nécessaire; il envoie souvent aussi des consolations, dans les songes, à ceux qui en ont besoin ; à toutes les époques, il a fait connaître l'avenir par des prophéties : enfin, il remplit jour et nuit de terreur et de remords le cœur de ceux qui se sont rendus coupables de meurtres ou d'autres crimes.

D'ailleurs, Dieu est bon : par conséquent, il est bienfaisant : or, il ne serait pas bienfaisant s'il ne prenait pas soin du monde par sa providence.

Est-il besoin d'énumérer toutes les œuvres de la création, leurs rapports, leur harmonie, leur bonne disposition, leur ordre, l'utilité de chacune en particulier pour l'ensemble? Faut-il montrer que tout est pour le mieux ; que le monde entier n'éprouve ni augmentation, ni diminution; que toutes les créatures sont aussi parfaites et aussi 246 belles qu'elles peuvent l'être; que la sagesse et la prévoyance du Créateur éclatent dans son ouvrage?

Au reste, nous renvoyons pour ces choses à ce que nous avons dit en traitant de la création1, afin de ne pas tomber dans le défaut de plusieurs de ceux qui ont écrit sur la providence. Car, au lieu de célébrer la providence, ils célèbrent la création : or, en parlant de la création, nous sommes sans doute amenés à parler de la providence, mais elle en diffère beaucoup : la providence et la création ne sont pas du tout la même chose. Le but de la création a été de produire tout pour le mieux : celui de la providence est d'administrer de la manière la plus sage tout ce qui a été créé. Ces deux sortes de fonctions ne sont pas toujours réunies, comme on peut le voir dans les hommes qui exercent un art, ou qui font l'application d'une méthode. Car les uns, comme les architectes, les peintres, les statuaires, ne s'attachent qu'à bien foire leurs ouvrages, sans s'occuper d'autre chose; les autres, comme les bouviers et les bergers, ont seulement pour tâche de prendre soin et de surveiller. Nous pensons donc qu'en traitant de la création, l'on doit s'attacher à montrer que tout a été bien fait; et qu'en 247 parlant de la providence, il faut faire voir qu'elle administre sagement les choses après qu'elles ont été créées.

Comment l'homme naît-il donc toujours de l'homme, et le bœuf du bœuf, chacun de la semence de son espèce et non de celle d'une autre, s'il n'y a pas de providence? Car si l'on dit que les choses naissent les unes des autres par un enchaînement qui a été établi dès le principe, on fait entendre seulement par là que la providence est intimement unie à la création. Effectivement, cet enchaînement des créatures montre que la providence et la création ont la même origine. L'œuvre de la providence est de gouverner les êtres après leur création : par conséquent, on ne dit pas autre chose, sinon que le créateur du monde en est en même temps l'administrateur.

Qui peut voir sans admiration l'infinie variété des figures humaines, dont aucune ne ressemble entièrement à une autre? Et si l'on en cherche la raison, ne trouve-t-on pas que cette variété est encore due à la sagesse de la providence? Voyez, en effet, quelle confusion résulterait de la ressemblance parfaite des figures humaines. Dans quelle ignorance et dans quel embarras les hommes ne seraient-ils pas toujours plongés, puisqu'ils ne pourraient pas distinguer leurs parents des étrangers, leurs amis et les gens de bien, de leurs ennemis et des méchants? Tout serait véritable- 248 ment en commun, comme le voulait Anaxagore2. Car si les choses étaient ainsi, rien n'empêcherait les hommes d'avoir commerce avec leurs sœurs et leurs mères, de voler, ou de commettre ouvertement tout autre crime: il leur suffirait de ne pas être arrêtés à l'instant même, car on ne pourrait pas les reconnaître ensuite. Les lois et le gouvernement ne pourraient plus exister ; les pères et les fils ne se reconnaîtraient plus; toutes les relations qui existent entre les hommes seraient rompues ; les hommes seraient, en quelque sorte, aveugles les uns à l'égard des autres, et il ne leur serait guère utile d'être doués de la faculté de voir, puisqu'ils ne pourraient plus distinguer que l'âge et la grandeur des personnes.

Tels sont donc les immenses avantages que la providence nous a procurés en variant à l'infini les figures des hommes, dans tous les temps et dans tous les pays; sans jamais y mettre d'interruption. Nous devons voir aussi une preuve manifeste du soin que la providence donne à toutes choses en ce qu'elle a voulu que les hommes pussent être distingués les uns des autres, non-seulement par les traits du visage, mais encore par le son de la voix : quant à cette dernière différence, elle n'est pas aussi prononcée, parce que la première suffisait. La providence a même ajouté, par surcroit, la variété des couleurs, afin de venir en aide de toutes les manières à la faiblesse de la nature humaine.

249 Je pense aussi que beaucoup d'animaux d'une même espèce qui paraissent être parfaitement semblables, comme les corneilles et les corbeaux, diffèrent cependant les uns des autres, d'une manière sensible, par certains détails de leur forme, au moyen desquels ceux qui forment un couple se reconnaissent. En effet, les corneilles et les corbeaux se réunissent souvent en , grand nombre ; mais ils se séparent en couples, et le mâle ainsi que la femelle de chacun de ces couples savent fort bien se reconnaître. Comment donc pourraient-ils se reconnaître entre eux, s'ils n'étaient pas caractérisés chacun par une forme particulière que nous ne pouvons pas apprécier, mais qui est facilement distinguée par les animaux de la même espèce.

Enfin, puisque c'est surtout aux Grecs que je m'adresse, je leur dirai que les signes, les oracles les présages et les prodiges qui sont toujours dans un rapport exact avec les événements, comme ils le disent eux-mêmes, montrent évidemment l'existence de la providence, et confirment la réalité de son influence sur ces événements.


  1. Ἀλλ' εἰς τὸν τῆς δημιουργίας λόγον ἀναβαλλόλεθα τὴν τούτων ἔκθεσιν : nous avons adopté ce texte, qui se trouve dans un manuscrit de Munich et dans un manuscrit d'Augsbourg. On lit dans plusieurs autres, ἀναβαλώμεθα. ↩

  2. Diogène de Laerte rapporte aussi cela d'Anaxagore. ↩

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