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Werke Johannes Chrysostomus (344-407) Adversus oppugnatores vitae monasticae libri I-III Apologie de la vie monastique
LIVRE TROISIÈME.

8.

Au milieu de vos iniquités, il y a un vice pour ainsi dire culminant, auquel ma parole n’a pas encore osé atteindre. Je n’ai pas encore découvert le pire de tous vos maux. La honte dont j’allais vous couvrir et ma propre pudeur m’ont toujours retenu au moment d’en parler. Quel est donc ce crime? Car il faut enfin s’enhardir à le nommer. Aussi bien ce serait une grande lâcheté, quand on veut faire disparaître un mal, de ne pas même oser le nommer, comme si le silence suffisait pour guérir la maladie. Nous ne le tairons pas, dussions-nous mille fois en rougir et vous faire rougir vous-mêmes. Le médecin qui doit nettoyer un ulcère ne craindra pas de s’armer du fer, de plonger même le doigt jusque dans le fond de la plaie; nous aussi nous reculerons d’autant moins devant ce sujet que la corruption est plus grande. Quel est donc ce mal? C’est une passion nouvelle et contre nature qui s’est introduite dans notre siècle; une maladie très-grave, incurable, qui a fondu sur nous; une peste, plus terrible que toutes celles qui nous ont assaillis. On a imaginé une monstruosité inconnue, insupportable ; dont les lois positives , dont celles mêmes de la nature ont horreur. La fornication ne sera rien désormais en comparaison de cette turpitude ; et de même qu’une douleur plus cuisante fait oublier la sensation de la précédente; de même l’excès de cette dépravation nous fait paraître supportable ce qui auparavant ne le semblait pas, le commerce licencieux avec une femme. Il semble que ce soit un bonheur que de pouvoir éviter ces nouveaux filets de l’enfer; et le sexe court risque d’être désormais superflu, dès lors que les jeunes gens prennent la place des femmes en tout.

Le pire, c’est qu’une telle abomination se commet effrontément, et que la monstruosité devient la loi. Personne maintenant ne craint, personne ne tremble; personne n’éprouve de honte, personne ne rougit; l’on se vante, et l’on rit de ces actions; ceux qui s’abstiennent semblent des insensés, et ceux qui condamnent, des fous. S’ils se trouvent les plus faibles, on les accable de coups; s’ils sont les plus forts, on rit, on se raille d’eux, on les assaille de mille plaisanteries. Plus de recours ni dans les tribunaux ni dans les lois; pas davantage auprès des précepteurs, des parents, des serviteurs et des maîtres. Les uns, on peut les acheter avec de l’argent, les autres ne cherchent qu’à gagner un salaire. Parmi les plus sages, qui songent encore au salut de ceux qui leur ont été confiés, les uns sont facilement abusés et trompés; les autres redoutent la puissance des impudiques. Celui qu’on soupçonnerait de vouloir usurper le trône, se sauverait plus facilement, que celui qui aurait tenté d’arracher à ces débauchés leur proie, n’échapperait à leurs mains. Ainsi, au milieu des villes, comme s’ils étaient dans le désert le plus reculé, des hommes exercent sur des individus de leur sexe leur infernale passion, leur lubrique fureur. Si l’on échappe aux piéges de ces monstres, on n’échappe pas à leurs calomnies. Etant très peu nombreux, les chastes sont facilement écrasés par l’immense multitude des impudiques : ne pouvant se venger autrement de ceux qui les méprisent ces dénions de corruption et de perversité s’efforcent de leur nuire par la diffamation. Quand ils n’ont pu donner un coup mortel, ni atteindre jusqu’à l’âme, ils entreprennent de ternir l’éclat extérieur de leurs victimes et de leur enlever toute leur bonne renommée. Aussi ai-je entendu bien des hommes s’étonner que jusqu’à présent une nouvelle pluie de feu ne soit pas tombée sur nous, et que le châtiment de Sodome ne se soit point renouvelé sur notre ville, d’autant plus digne de punition qu’elle n’a point été instruite par les maux des Sodomites. Bien que depuis deux mille ans cette terre maudite et-foudroyée où fut Sodome crie à toute la terre par son aspect, plus éloquemment qu’aucune voix ne pourrait le faire , de ne point oser de pareils forfaits nos concitoyens n’ont pas commis ce péché avec moins d’effronterie; au contraire ils se sont montrés plus impudents et plus hardis, comme s’ils étaient résolus de lutter contre Dieu, et qu’ils voulussent prouver qu’ils ajouteront à leurs crimes, à proportion que les menaces deviendront plus terribles. Comment se fait-il que le feu du ciel nous épargne? Comment, puisque les crimes de Sodome se renouvellent, le châtiment de Sodome ne se renouvelle-t-il pas? Ah! c’est qu’un feu plus terrible les attend, et qu’on leur réserve un châtiment qui n’aura pas de fin. Quoique des crimes beaucoup plus graves que ceux qui provoquèrent le cataclysme du déluge se soient commis dans le monde depuis cette punition, néanmoins l’inondation universelle qui engloutit le genre humain ne s’est jamais renouvelée, et pour la même raison. Car pourquoi ceux qui vécurent dans les premiers siècles, quand il n’y avait pas de tribunaux, pas de magistrats pour inspirer la crainte, pas de lois armées de sanctions menaçantes; quand on n’avait pas le choeur sacré des prophètes avec ses oracles, ni un enfer nettement révélé, ni l’espérance du royaume céleste clairement annoncé, ni toutes les autres raisons, ni des miracles capables d’ébranler les pierres; comment ces hommes, qui n’avaient rien de tout cela, subirent-ils un tel châtiment de leurs fautes, tandis que ceux qui ont tous ces secours, qui vivent sous l’empire de la crainte salutaire qu’inspirent les tribunaux divins et humains, n’ont pas encore subi la même punition, bien qu’ils en méritent une plus rigoureuse? La cause en serait évidente, même pour un enfant: je le répète, ils sont réservés à une justice plus sévère.

Si ces horreurs nous irritent et nous indignent à ce point, comment Dieu, qui a tant à coeur le salut du genre humain, qui a tant d’aversion pour le péché et qui le hait d’une haine infinie, comment Dieu souffrira-t-il qu’on l’outrage impunément? Non, cela n’est pas possible : il étendra sur les pécheurs sa main puissante, il leur fera sentir des coups terribles, et toute l’amertume de ses supplices, amertume tellement insupportable que le châtiment de Sodome semblera n’être qu’un jeu en comparaison. Au-dessous de quels animaux ne descendent-ils pas par leur infamie? Il y a dans quelques brutes un violent aiguillon, des désirs impétueux qui vont jusqu’à la fureur; néanmoins elles ne connaissent pas ce désordre, elles se tiennent dans les limites fixées par la nature, et quand tout serait chez elles en ébullition, elles ne les outrepasseraient pas.

Et voici que des êtres raisonnables, qui ont reçu les enseignements divins, qui enseignent aux autres ce qu’il faut faire et ce dont il se faut abstenir, qui ont entendu les Ecritures tombées du ciel, trouvent moins de plaisir à entretenir commerce avec des courtisanes qu’avec de jeunes garçons. Et ils s’abandonnent avec fureur à ces excès, -comme s’ils n’étaient plus des hommes, comme si la Providence de Dieu n’était pas là pour juger toutes les actions; ils s’y abandonnent comme si l’obscurité dérobait tout et qu’il n’y eût personne ni pour les voir ni pour les entendre. Les pères des enfants ainsi violée supportent tout cela en silence, ils ne s’ensevelissent pas tout vifs sous terre avec leurs enfants; ils ne cherchent pas de remède contre ces maux.

Fallût-il emmener ses enfants en exil pour les mettre à l’abri de ce fléau, dût-on traverser avec eux les mers, se réfugier dans les îles lointaines, sur une terre déserte et jusque dans les régions situées sous les pôles, il vaudrait mieux prendre ce parti que d’endurer de si abominables outrages. Si nous connaissions un lieu qui tût malsain et sujet à la peste, n’en retirerions-nous pas nos enfants, sans nous laisser arrêter ni par la considération de richesses à acquérir, ni par la raison que leur santé n’a pas encore souffert et qu’elle se conservera peut-être? Et maintenant qu’une contagion si dangereuse a tout envahi, non-seulement nous sommes les premiers à les pousser dans le gouffre, mais encore nous chassons comme des imposteurs ceux qui les en veulent retirer. Quelle vengeance et quelles foudres n’attirons - flous pas sur nos têtes, quand nous faisons tout ce qui dépend de nous pour polir leur langue par la sagesse païenne, tandis que nous laissons là leur âme croupir, entièrement corrompue, dans la fange de l’impureté, et que de plus nous l’empêchons de se relever malgré ses désirs!

Osera-t-on dire encore qu’il soit possible de se sauver parmi tant de maux, au milieu d’une corruption si générale? Les uns, ceux qui ont échappé à la fureur des impudiques (et ils sont en petit nombre) ne peuvent échapper à des passions tyranniques qui perdent tout, le désir des richesses et l’amour de la gloire; les autres, plus nombreux, outre ces deux passions, sont encore brûlés de tous les feux de l’impureté. Où trouvez-vous ceux qui peuvent opérer leur salut dans un pareil monde? Lorsque nous voulons instruire vos enfants dans les sciences, nous contentons-nous de faire disparaître ce qui pourrait nuire à leur instruction; ne leur fournissons-nous pas encore tout ce qui peut les aider? Nous confions leur éducation à des gouverneurs et des précepteurs, nous dépensons tout l’argent nécessaire, nous les exemptons de tout autre souci, nous les excitons mieux que ne sauraient faire des maîtres de gymnastique qui forment de jeunes athlètes pour les jeux olympiques, nous leur répétons jour et nuit que l’ignorance leur apportera la pauvreté, et l’instruction la richesse; en un mot, actions, paroles, dépenses, nous n’épargnons rien pour qu’ils deviennent habiles dans la profession que nous voulons leur faire embrasser, nous nous y employons nous-mêmes, nous y employons les autres. Encore souvent ne réussissons-nous pas! Et nous espérerions que la droiture des moeurs et la régularité d’une bonne conduite leur viendront d’elles-mêmes, malgré tant d’obstacles qui les arrêtent? Peut-on rien imaginer qui soit pire que cette folie? Comment! vous attachez le plus grand prix, vous prodiguez tous vos soins à ce qui est plus facile et de moindre importance; et quand il s’agit de la chose du monde la plus difficile et la plus précieuse, vous espérez qu’elle vous viendra, sans que vous fassiez rien pour l’acquérir et pour ainsi dire en dormant? En effet, la perfection de l’âme l’emporte autant sur la culture de l’esprit en difficulté et en importance, que la pratique sur la théorie, et que les actions sur les paroles.

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Apologie de la vie monastique

Inhaltsangabe

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