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Werke Johannes Chrysostomus (344-407) Adversus oppugnatores vitae monasticae libri I-III Apologie de la vie monastique
LIVRE TROISIÈME.

13.

Mais les parents insistent, désireux de voir leurs enfants consacrer à l’étude des lettres toute l’activité de leur vie, comme si le succès était assuré : ne disputons point sur cela, ne disons pas que ces fils pourront bien échouer, je veux qu’ils brillent dans cette étude et qu’ils arrivent au but où ils aspirent. Supposons une double carrière ouverte devant nous; que l’un aille aux écoles, que tous ses efforts tendent à se rendre habile dans les sciences; que l’autre se retire au désert pour sauver son âme. De quel côté, dites-moi, le succès est-il préférable? Si votre enfant peut triompher dans l’une et l’autre lice à la fois, rien de mieux; mais s’il lui faut renoncer à l’une des deux couronnes, ne faut-il pas aussi fixer son choix sur la meilleure? Sans doute, direz-vous; mais qui nous donnera l’assurance que notre fils se soutiendra, persévérera, ne tombera pas? car beaucoup sont tombés. — Qui vous dit qu’il ne se soutiendra pas, qu’il ne persévérera pas? ceux qui se sent soutenus sont nombreux, plus nombreux que ceux qui sont tombés. Ceux-là vous doivent donc donner plus de motifs de confiance, que ceux-ci de raisons de craindre.

Pourquoi ne redoutez-vous pas la même chose dans la carrière des lettres, où précisément il faudrait le plus la redouter? Car dans l’état monastique, parmi beaucoup d’aspirants, très-peu ont échoué, tandis que parmi les nombreux aspirants de l’éloquence, bien peu ont réussi. Ce motif n’est pas le seul qui doive faire craindre les échecs dans la carrière des lettres. La nature ingrate de l’enfant, l’ignorance des maîtres, la faiblesse des gouverneurs, les occupations du père, le manque de ressources pour faire toutes les dépenses nécessaires, la différence des caractères, la méchanceté, la haine et la jalousie des condisciples, et mille autres obstacles empêchent d’arriver au terme. Ce n’est pas tout, le terme atteint, il se présente des difficultés plus nombreuses encore : quand, ayant franchi tous les degrés, le jeune homme arrive au sommet de son éducation sans qu’aucun de ces obstacles aient pu le faire chanceler, il trouve là de nouveaux piéges. L’inimitié d’un chef, la jalousie des collègues, la difficulté des temps, le manque d’amis et la pauvreté font qu’un jeune homme échoue souvent dans le port même.

Il n’en est pas de même de l’état monastique: on n’a besoin que d’une seule chose, d’un noble et généreux désir, et si on l’a, rien ne pourra empêcher d’arriver au terme de la vertu. Quand vous avez sous les yeux, et pour ainsi dire entre les mains , les plus -belles espérances, vous craignez, vous vous découragez; et lorsqu’il s’agit d’espérances toutes contraires, éloignées, placées à l’extrémité d’une voie coupée par mille obstacles, vous bannissez toute crainte, vous redoublez de confiance à mesure que vous voyez s’accumuler les difficultés; quoi de plus déraisonnable. C’est une étrange inconséquence, quand il s’agit des lettres, d’oublier les échecs qui ne sont cependant pas rares, pour ne voir que les succès qui le sont beaucoup plus, et de faire tout le contraire pour la vie monastique, c’est-à-dire de ne songer qu’aux revers malgré des chances nombreuses de succès. Dans les deux cas une seule chose vous frappe : dans l’un la réussite, dans l’autre l’insuccès.

Et pourtant, dans les lettres, quand tout ce qui doit concourir au succès vous arriverait à souhait, souvent, au terme même, une mort prématurée emporte l’athlète avant qu’il ait obtenu la couronne méritée par ses sueurs; tandis que dans la vie monastique, si la mort survient au milieu du combat, elle avance le triomphe, bien loin de le supprimer. Si donc l’avenir vous inspire des craintes, ce doit être surtout pour la carrière des lettres où de nombreux obstacles empêchent d’arriver au terme. En fait nous voyons tout le contraire; s’agit-il de l’étude des lettres, vous n’avez plus d’alarmes, vous restez les bras croisés, ne donnant aucune attention aux entraves dont la route est semée, je veux dire la dépense, la misère et l’incertitude, vous attendez, les yeux fixés uniquement sur le terme. Pour la vie religieuse, c’est autre chose; à peine votre fils en a-t-il franchi le seuil, à peine a-t-il touché à cette belle philosophie chrétienne, que vous vous prenez à craindre et à trembler et vous vous jetez dans toutes sortes de pensées chimériques inspirées à votre esprit par le découragement. Cependant vous disiez tout à l’heure : Ne peut-on se sauver en demeurant dans une ville, en habitant une maison? Mon ami, si l’on peut se sauver dans une ville, dans une maison, avec une épouse, à plus forte raison sans une épouse et tout le reste. Est-ce bien le même homme qui tantôt se montre plein de confiance dans la possibilité du salut, même au milieu des affaires et des embarras du siècle, et tantôt tremble pour le solitaire délivré de toutes ces entraves, comme si, avec toutes ces facilités, son avenir était encore en péril. Vous prétendez que l’on peut se sauver en habitant une ville; à plus forte raison, le pourra-t-on en se retranchant dans le désert. Pourquoi tant de défiance sur la possibilité du salut dans un cas, et tant de sécurité dans l’autre où il est cependant plus difficile à opérer?

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Apologie de la vie monastique

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