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Werke Johannes Chrysostomus (344-407) Adversus oppugnatores vitae monasticae libri I-III Apologie de la vie monastique
LIVRE TROISIÈME.

18.

Il vaut donc mieux s’armer pour les combats spirituels, dès le jeune âge, lorsqu’on est encore libre et maître de soi. Ce conseil est justifié par les raisons que j’ai déjà données, et il le sera davantage encore par celles que je vais apporter. Celui qui attend à la fin de sa vie pour embrasser la vertu, emploie tout le temps qui lui reste à laver par ses larmes, à effacer par les exercices de la pénitence, les péchés qu’il a commis dans sa jeunesse. C’est là tout ce qui l’applique et l’occupe, et souvent quand il sort de ce monde, il emporte dans l’autre ses blessures à demi-refermées , n’ayant pas eu le loisir de les guérir entièrement. Au contraire , celui qui est entré dans la carrière dès ses premières années ne perd point son temps ainsi, il ne s’arrête point à panser ses blessures; dès ses premiers exercices, et dans ses coups d’essais il remporte des victoires signalées et de glorieuses récompenses. C’est beaucoup pour le premier, quand il peut réparer toutes ses défaites; le second gagne des trophées dès l’entrée de la course, il les plante à la barrière. Son courage croît avec ses succès; il cueille tous les jours de nouvelles palmes, comme un vainqueur aux jeux olympiques, qui marche toute sa vie au milieu des acclamations, portant sur sa tête autant de couronnes qu’il a défait d’ennemis.

C’est à vous de voir maintenant à quel rang vous voulez que votre fils soit placé dans le ciel, Voulez-vous qu’il soit élevé parmi ces hommes qui peuvent porter avec assurance leurs regards jusque sur les archanges dont ils ont la pureté et la gloire, ou qu’il reste parmi les derniers, confondu dans la foule? Ceux qui n’entrent que tard dans la voie de la perfection n’auront jamais que la dernière place, et cela encore à condition qu’ils pourront surmonter tous les obstacles que j’ai énumérés, si une mort subite ne les emporte pas avant le temps, s’ils ne sont pas empêchés désormais par une épouse, s’ils ne reçoivent pas des blessures que le temps de la vieillesse ne puisse suffire à cicatriser, enfin s’ils persévèrent à garder leur résolution ferme et inébranlable. Quand toutes ces conditions se trouveront réunies, alors ils pourront bien obtenir la dernière place. Voulez-vous que votre fils prenne place parmi eux, ou parmi ceux qui brillent au front de la phalange? — Qui serait assez malheureux, pour souhaiter à ses enfants la dernière place et non pas la première?

Voilà ce que vous dites, cependant vous ne laissez d’ajouter que vous êtes bien aise que vos enfants soient avec vous, pour vous servir et vous assister — Et moi aussi je le veux, et je désire aussi ardemment que vous, qui êtes leurs pères, qu’ils reviennent à la maison paternelle et qu’ils paient de retour les soins que vous avez pris pour les élever. Je sais bien que vous n’obtiendrez de personne une assistance qui vous soit aussi douce et aussi chère que celle qui vous viendra de la part de vos enfants. Mais, je vous en prie, ne leur demandez pas ces secours avant qu’ils en soient- capables. Pour faire instruire vos enfants dans les lettres, vous les envoyez loin de leur patrie vous interdisez le seuil de la maison paternelle à ceux qui vont apprendre un art mécanique, ou quelque métier plus vil encore, vous les forcez de manger, de coucher chez leurs maîtres, et quand ils vont s’instruire, non pas d’une science humaine, mais de la sagesse céleste, vous voudriez les retirer aussitôt, avant qu’ils aient atteint le but qu’ils se proposaient, quoi de plus déraisonnable? Pour apprendre àcourir sur une corde tendue, un enfant s’éloignera pendant longtemps de ses parents; et ceux qui apprennent à voler de la terre au ciel, vous ne leur permettez pas de quitter la mai-son paternelle, quoi de plus absurde? Ne voyez-vous pas que les laboureurs, quelque pressés qu’ils soient de recueillir les fruits de leurs sueurs, se gardent bien de les récolter avant qu’ils soient mûrs?

N’allons pas non plus arracher avant le temps, nos enfants aux salutaires exercices du désert, mais donnons le: temps à la science céleste de s’enfoncer et de s’enraciner profondément dans leurs âmes. Fallût-il les laisser dix ans et vingt ans dans le monastère, ne nous en troublons pas, ne nous en affligeons pas plus ils passeront de temps dans le gymnase, plus ils acquerront de force. Ou plutôt, si vous voulez, ne fixons pas de temps; qu’il n’y ait point d’autre terme que celui qui amènera à leur maturité les fruits de vertu que doit porter votre fils; qu’il revienne alors du désert, mais pas auparavant. Car nous ne gagnerons rien à trop de précipitation, rien si ce n’est d’empêcher à jamais la maturité. Le fruit qui est privé avant le temps des sucs nourriciers que lui envoie la racine ne deviendra jamais bon, quelque temps qu’on le laisse vieillir. Pour éviter ce malheur, souffrons d’être séparés de nos enfants. Loin de les presser de revenir avant qu’ils soient formés , empêchons-les de le faire, s’ils en avaient la volonté. Parvenu à la perfection , votre fils sera l’homme utile à tous, à son père, à sa mère, à sa maison, à sa ville et à son peuple; mais s’il arrive sans être accompli, il sera ridicule, blâmé de tous et nuisible à lui-même et aux autres, grand malheur qu’il faut à tout prix lui faire éviter. Quand nous envoyons nos enfants en pays étrangers, si nous désirons les revoir, c’est quand ils auront rempli heureusement la mission, objet de leur voyage; et s’ils reviennent auparavant, nous éprouvons moins de joie en les voyant rentrer au logis que de peine en songeant qu’ils reviennent sans avoir rien fait. Or, ne serait-il pas de la dernière sottise de donner moins de soin aux choses spirituelles que nous n’en montrons pour les choses terrestres? Tandis que nous supportons l’absence de nos enfants assez courageusement pour désirer qu’elle se prolonge tant qu’elle pourra être utile temporellement, est-il raisonnable, quand ils s’absentent dans l’intérêt de leur âme, d’être faibles et tendres, jusqu’à détruire par cette pusillanimité l’espérance des plus grands biens; surtout -quand nous avons les plus grandes consolations, dans la pensée qu’ils vomit à la conquête de tout ce que l’homme peut posséder de plus grand et de meilleur, qu’ils atteindront -certainement leur but, qu’il n’existe pas d’obstacle qui puisse les arrêter, et jusque dans -le privilège de la séparation dont il s’agit ici? En effet, on peut les visiter fréquemment au désert; tandis qu’il n’en est pas de même de ceux qui s’absentent pour de longs voyages. Qui donc nous empêche d’aller dans le monastère où sont nos enfants, de nous transporter chez eux, puisqu’ils ne peuvent venir chez nous, et là, de conférer avec eux sur l’importante matière de notre salut. On ne peut dire le profit et le plaisir que l’on en peut retirer ; car il est certain que les visites ne se termineront pas à la joie stérile et infructueuse de les avoir vus, de leur avoir parlé; nous retournerons du monastère en nos maisons meilleurs que nous n’étions venus, emportant avec nous les fruits admirables de leur sainte et charmante conversation; souvent même nous resterons près d’eux, gagnés aussi par l’attrait de la perfection. Faisons les venir, lorsqu’ils seront forts et capables de rendre service aux autres; n’attirons chez nous ces flambeaux que lorsqu’ils seront assez brillants pour être mis sur le chandelier, et qu’ils auront assez de lumière à répandre et à communiquer à tous ceux qui entrent dans la maison. Vous apprécierez alors ce que valent vos fils, vous verrez quelle différence il y a entre eux, et les fils de ces pères dont vous enviez présentement le sort vous connaîtrez alors les avantages de la sagesse, quand ils guériront des hommes attaqués de maladies incurables, quand ils seront acclamés par la voix publique comme des bienfaiteurs, des protecteurs et des sauveurs, quand ils converseront avec les hommes comme des anges descendus sur terre, quand enfin ils attireront tous les regards du monde. Mais quoi que nous puissions dire, rien n’égalera jamais ce qu’on verrait par l’expérience même et par les faits. Les législateurs devraient agir autrement qu’ils ne font: au lieu d’attendre l’âge viril où l’unique ressource pour conduire les hommes est la crainte des châtiments, ils devraient les prendre enfants pour former, pour modeler pour ainsi dire leur nature encore tendre selon l’ordre et la vertu; et l’on n’aurait pas besoin de menaces après cela. Maintenant on agit absolument comme le médecin qui ne dirait pas un mot à un malade au début de son affection, qui n’indiquerait aucun remède pour prévenir la maladie, et qui attendrait qu’elle fût devenue incurable, pour accabler le malade d’ordonnances et de remèdes. Voilà quelle est la conduite des législateurs de la terre; ils travaillent à nous instruire lorsque nous sommes déjà pervertis. Saint Paul n’agit pas ainsi, mais dès le berceau, dès les premières années, il donne aux enfants des maîtres de vertu pour fermer l’accès au vice. Voilà la meilleure discipline; elle ne donne pas au vice le temps de s’établir et de prévaloir, pour n’avoir pas à le chasser et à le détruire ensuite; elle met tout en oeuvre pour lui interdire l’entrée de l’âme, pour conserver celle-ci pure et sans atteintes.

Je vous exhorte donc à seconder de tous vos moyens ceux qui travaillent à élever chrétiennement vos enfants, au lieu de leur susciter des difficultés; à contribuer de votre part à la conservation de ce vaisseau sacré, et afin qu’il cingle en pleine mer, qu’il arrive heureusement au port. Ah! si nous avions tous ces sentiments, si nous étions les premiers à porter nos enfants à la vertu, convaincus que c’est notre unique affaire, et que toutes les autres sont inutiles et superflues; nous verrions nos familles comblées de tant de biens, et de bénédictions si abondantes, que si je voulais vous les décrire, on prendrait ces vérités pour des amplifications d’orateur. Si quelqu’un veut s’en instruire pleinement qu’il en fasse l’épreuve, et il nous rendra de grandes actions de grâces, et à Dieu avant nous, de ce qu’il lui sera donné de voir la vie du ciel fleurir sur la terre, et la croyance aux biens futurs et à la résurrection acceptée dès ici-bas, même par les infidèles.

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Apologie de la vie monastique

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