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Il a exalté les apôtres , il s'est abaissé ensuite; par un mouvement contraire, il s'est exalté au-dessus d'eux afin d'établir l'égalité , (car il a remis l'égalité en se montrant d'une condition tout ensemble au dessus et au dessous) , et par là il s'est rendu digne de foi ; eh bien! ce n'est pas tout , il ne congédie pas encore les fidèles, il leur montre encore le lien étroit qui l'unit aux apôtres,. indiquant la concorde selon le Christ. J1 ne le fait pas toutefois de manière à perdre sa dignité , il se met au même rang que les apôtres : ce n'est qu'ainsi qu'il devait parler dans l’intérêt de la prédication. Il a donc pris un soin égal d'éviter deux dangers, celui de paraître mépriser les apôtres, celui de trop s'abaisser, en s'inclinant devant les apôtres, aux yeux des fidèles qui lui étaient soumis. Voilà pourquoi, ici encore, il parle d'eux comme étant leur égal; il dit: « Soit que ce soit moi, soit que ce soient eux qui « vous prêchent, voilà ce que nous prêchons ». Instruisez-vous auprès de, qui vous voudrez; il n'y a entre nous aucune différence. Il ne dit pas : Si vous ne voulez pas me croire, croyez-les ; non, il se pose lui-même comme digne de foi, comme étant par lui-même une autorité suffisante, de même que les autres apôtres sont par eux-mêmes des autorités suffisantes. En effet, la différence de personnes ne signifiait rien, l'autorité étant égale. Or, ce que fait Paul ici, il le fait également dans l'épître aux Galates ; il cite les apôtres, non pas parce qu'il a besoin d'eux, il se déclare au contraire suffisant de lui-même : « Ceux qui me paraissaient les plus considérables ne m'ont rien appris de nouveau ». (Gal. II, 6.) (567) Toutefois, je tiens à la concorde avec eux « Ils m'ont donné la main », dit-il. (Ibid. IX.) Car s'il eût été nécessaire que l'autorité de Paul dépendît des autres, s'appuyât sur le témoignage des autres, Il en, serait résulté pour ses disciples une infinité de conséquences fâcheuses. Donc Paul. ne parle pas pour se louer, mais pour assurer la prédication de l'Evangile. Voilà pourquoi il dit ici, en s'égalant aux apôtres : « Soit que ce soit moi, soit que ce soient eux qui vous prêchent, voilà ce que nous prêchons ».
II a raison de dire: ;Nous prêchons », montrant ainsi la grande confiance et là liberté de la parole. Nous ne chuchotons pas , nous ne nous cachons pas, nous faisons entendre une voix plus éclatante que la trompette. Et il ne dit pas : Nous avons prêché, mais aujourd'hui même, « voilà ce que nous prêchons. Et voilà « ce que vous avez cru »:Ici, il ne dit pas : Ce que vous croyez, mais « ce que vous avez cru ». C'est parce que les fidèles chancelaient qu'il remonte aux temps passes, et maintenant c'est eux-mêmes qu'il prend à témoin. « Donc, puisqu'on vous a prêché que Jésus-Christ est ressuscité d'entre les morts, comment se trouve-t-il parmi vous des personnes qui osent dire que les morts ne ressuscitent point (12) ? » Voyez-vous l'excellence du raisonnement, la démonstration de la résurrection par le réveil du Christ, après que tant de preuves ont établi que le Christ est ressuscité? Car, dit l'apôtre, les,prophètes nous ont annoncé d'avance cette résurrection du Christ, le Christ l'a prouvée lui-même en se faisant voir, et c'est ce que nous prêchons, et c'est ce que vous avez cru; quadruple témoignage dont il fait un faisceau, témoignage des prophètes, témoignage des événements, témoignage des apôtres , témoignage des disciples ; disons mieux , témoignage quintuple. Car la cause même . de la mort démontre la résurrection, puisqu'il est mort pour les péchés des .autres. Si cette résurrection a .été démontrée, il est évident que la conséquence l'est aussi, à savoir que les autres morts doivent aussi se réveiller. Voilà pourquoi l'apôtre en parle comme d'une vérité reconnue, et il prend la forme interrogative : « Puisqu'on vous a prêché que Jésus-Christ est ressuscité d'entre les morts, comment se trouve-t-il parmi vous des personnes qui osent dire que les morts ne ressuscitent point? »
Cette forme de raisonnement ai de plus, l'avantage d'adoucir les contradicteurs. En effet, il ne dit pas : Comment osez-vous dire, mais : « Comment se. trouve-t-il parmi vous des personnes qui osent dire » ; et il ne les accuse pas tous, et les personnes mêmes qu'il accuse, il ne les nomme pas, de peur de les jeter dans l'effronterie; d'un autre côté, il ne tient pas la faute absolument cachée, parce qu'il veut corriger les fidèles. Voilà pourquoi il sépare lés coupables de la foule des fidèles avant de s'apprêter à la discussion avec eux ; par ce moyen il, les affaiblit, il les déconcerte, il retient auprès de lui les autres dont il fait dés champions de sa cause, qu'il rend plus fermes, plus inébranlables dans la vérité; il ne leur laisse pas les moyens de passer comme transfuges. dans les rangs de ceux qui. ont voulu les corrompre. Contre ceux-là il est prêt à s'élancer de toute la véhémence de sa parole. Ensuite, pour leur ôter la ressource d'objecter due la résurrection du Christ est évidente, manifeste, que nul n'y contredit, mais que la résurrection des hommes n'en est pas une conséquence nécessaire, attendu que, si les prophéties, l'événement, le témoignage résultant de ce que le Christ s'est fait voir, démontrent la résurrection du Christ, en ce qui concerne notre résurrection, nous n'avons encore que des espérances, voyez ce que fait l'apôtre; c'est par le, fait incontestable qu'il prouve la vérité contestée, et cette manière d'argumenter avait une grande puissance. Que soutiennent, dit-il, quelques personnes ? Qu'il n'y a pas de résurrection des morts? Eh bien ! la conséquence de leur dire, c'est que le Christ non plus n'est pas ressuscité. Voilà pourquoi l'apôtre ajoute : « Si les morts ne ressuscitent point , Jésus-Christ n'est donc point ressuscité (13) ». Voyez-vous la, force irrésistible, ce que la discussion de Paul a d'invincible, ce n'est pas seulement le fait évident qui lui sert à prouver, ce que l'on conteste, mais le fait même contesté par les contradicteurs lui sert à confirmer le fait évident. Ce n'est pas que l'événement accompli eût besoin d'être démontré, mais il fallait montrer que les deux sont également dignes de notre foi. .
