VI.
De peur que tant de noms étrangers, bizarres, rassemblés à plaisir, équivoques, ne jettent des ténèbres dans l'esprit, je dois commencer par déclarer dans ce traité, où j'ai promis seulement l'exposition de ce mystérieux arcane, comment j'en userai à l'égard de ces noms. Quelques-uns, venus du grec, n'ont pas d'équivalent qui les rende dans une autre langue; d'autres sont d'un genre différent; d'autres enfin sont d'un usage plus fréquent en grec. La plupart du temps, nous emploierons donc les mots grecs: ils porteront à la marge leur signification; les termes grecs ne manqueront pas non plus aux mots latins; mais ils seront marqués dans le cours du récit au-dessus des lignes, afin qu'ils deviennent le signe des noms de personne pour lever l'équivoque de ceux qui admettent aussi une autre signification. Quoique je remette à un autre moment la lutte sérieuse, pour me contenter aujourd'hui d'un simple exposé, cependant partout où l'extravagance de la doctrine méritera la flétrissure, une attaque superficielle et rapide sera nécessaire. Imagine-toi, lecteur, que tu assistes à l'escarmouche avant le combat. J'indiquerai, mais n'enfoncerai pas les coups. Si le rire s'élève en quelque endroit, ce sera rendre justice à de pareilles matières: il en est beaucoup qui ne demandent que cette réfutation, de peur qu'une réponse sérieuse ne semble en accroître l'importance. Le ridicule va naturellement à de vaines conceptions. Il convient aussi à la vérité de rire, parce qu'elle est joyeuse, et de se jouer de ses ennemis, parce qu'elle est confiante dans sa force. Seulement il faut éviter que son rire n'excite à son tour la raillerie, s'il était déplacé. Mais d'ailleurs partout où le rire est convenable, il remplit un devoir. Enfin, je commencerai ainsi.