Übersetzung
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De la grandeur de l'âme
78.
Outre ces créatures qui tombent sous nos sens, qui occupent un espace quelconque et sur lesquelles l'emporte sans contredit l'âme humaine, nous venons de le rappeler, s'il est autre chose dans l'univers créé par Dieu, c'est au-dessous de l'âme ou égal à elle; au-dessous, comme l'âme de la bête; égal, comme celle de l'ange. Mais il n'est rien au-dessus, et s'il y avait quelque chose, ce serait l'oeuvre du péché, non de la nature. Le péché cependant ne détériore pas l'âme jusqu'à la mettre au-dessous ni même au niveau de l'âme de la bête.
Elle ne doit donc adorer que Dieu, parce que seul il est son auteur. Quant aux hommes, si sages et si parfaits qu'ils soient, ou plutôt quant aux autres âmes raisonnables et déjà bienheureuses, il faut seulement les aimer, les imiter et avoir pour elles la déférence qui convient à leur mérite et à leur rang. Il est dit en effet : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne serviras que lui1. » Si nos parents sont dans l'erreur ou dans la peine, sachons qu'il faut leur porter secours autant qu'on le peut et qu'il est commandé; mais nous devons comprendre en faisant ainsi le bien, que nous sommes les instruments de Dieu. Ne nous laissons pas séduire non plus par l'amour de la vaine gloire et ne nous attribuons rien en propre, ce qui suffirait pour nous précipiter de bien haut et nous plonger dans l'abîme. Ne haïssons pas les hommes tyrannisés par les vices, mais les vices mêmes; non pas les pécheurs, mais leurs péchés. Car nous devons désirer qu'on prête à -tous une main secourable, même à ceux qui nous ont blessés, à ceux qui veulent nous nuire par eux-mêmes ou par d'autres.
Telle est la religion vraie, parfaite, unique, au moyen de laquelle doit se réconcilier avec Dieu l'âme qui possède la grandeur dont nous nous occupons , et par laquelle elle se rend cligne de la liberté ? Dieu en effet nous délivre de tout ce qui peut nous rendre esclaves; rien n'est plus avantageux que de lui être soumis, la parfaite et unique liberté consiste à lui plaire en le servant.
Mais je m'aperçois que j'ai presque franchi les bornes que je m'étais fixées et que depuis longtemps j'ai dit beaucoup de choses sans te questionner. Je ne m'en repens pas néanmoins; car ces vérités sont répandues dans les nombreuses Ecritures de l'Eglise. Il semble avantageux de les avoir réunies comme nous l'avons fait ; on ne peut toutefois les comprendre pleinement avant que parvenu au quatrième de ces sept degrés, courageux et fidèle à la piété, occupé d'acquérir la santé et la force nécessaires pour les comprendre, on ne les examine toutes en détail avec toute l'attention et toute la pénétration possibles. Il y a effectivement dans chacun de ces degrés, une beauté distincte et particulière; et nous ferions mieux de les nommer des actes.
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Deut VI, 13. Matth. IV, 10. ↩
Edition
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De quantitate animae (PL)
78.
Si quid vero aliud est in rerum natura praeter ista quae sensibus nota sunt, et prorsus quae aliquod spatium loci obtinent, quibus omnibus praestantiorem animam humanam esse diximus: si quid ergo aliud est eorum quae Deus creavit, quiddam est deterius, quiddam par: deterius, ut anima pecoris; par, ut angeli: melius autem, nihil. Et si quando est aliquid horum melius, hoc peccato ejus fit, non natura. Quo tamen non usque adeo fit deterior, ut ei pecoris anima praeferenda, aut conferenda sit. Deus igitur solus ei colendus est, qui solus ejus est auctor. Homo autem quilibet alius, quanquam sapientissimus et perfectissimus, vel prorsus quaelibet anima rationis compos atque beatissima, amanda tantummodo et imitanda est, eique, pro merito atque ordine, quod ei congruit deferendum. Nam, Dominum Deum tuum adorabis, et illi soli servies 1. Errantibus vero cognatis animis et laborantibus, quantum licet atque praeceptum est, opem ferendam esse sciamus, ita ut hoc ipsum cum bene agitur, Deum per nos agere intelligamus. Neque quidquam nobis proprium vindicemus inanis gloriae cupiditate decepti, quo uno malo a summo in ima demergimur. Neque vitiis oppressos, sed ipsa vitia; neque peccantes, sed ipsa peccata oderimus. Omnibus enim subventum velle debemus, etiam qui nos laeserunt, aut laedere, aut omnino laedi volunt. Haec est vera, haec perfecta, haec sola religio, per quam Deo reconciliari pertinet ad animae, de qua quaerimus, magnitudinem, qua se libertate dignam facit: nam ille ab omnibus liberat, cui servire omnibus utilissimum est, et in cujus servitio placere perfecta et sola libertas est. Sed video me pene excessisse metas propositi mei, ac sine ulla interrogatione tamdiu tibi multa dixisse: neque id me poenitet. Nam cum sint ista per tam multas Ecclesiae scripturas dispersa, quanquam ea non incommode collegisse videamur, plene tamen intelligi nequeunt; nisi quisque in illorum septem quarto gradu fortiter agens, pietatemque custodiens, et ad ea percipienda sanitatem ac robur comparans, inquirat omnia singillatim, diligentissime ac sagacissime: namque illis omnibus gradibus inest distincta et propria pulchritudo, quos actus melius appellamus.
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Deut. VI, 13; Matth. IV, 10 ↩