Übersetzung
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De la grandeur de l'âme
38.
Cela posé et bien compris, autant que le demande le sujet qui nous occupe, reporte-toi maintenant à ce que nous appelons forces dans les animaux, et dis-moi si nous y voyons une application de cette loi. Car les corps des animaux ont leur pesanteur; qui pourrait le nier? Et cette pesanteur qui se meut à la volonté de l'âme, fait beaucoup par elle-même du côté où elle incline.
Pour mouvoir le poids du corps, la volonté de l'âme se sert des nerfs comme de machines; et ce qui rend ces nerfs plus vigoureux et plus souples, c'est la sécheresse et une chaleur modérée, tandis qu'un froid humide les détend et les affaiblit. Aussi le sommeil, qui, selon l'assertion des médecins et la preuve qu'ils en donnent, est froid ou humide, laisse-t-il une certaine langueur à nos membres; d'où il arrive que le mouvement d'un homme qui s'éveille est d'une extrême lenteur, et que rien n'est plus mou, plus énervé qu'un homme en léthargie. Quant aux frénétiques, en qui les veilles, la force du vin, la violence de la fièvre et tant d'échauffants, opèrent une tension et une résistance nerveuse démesurée, il est manifeste qu'ils peuvent déployer dans la lutte et dans beaucoup d'actes plus d'énergie qu'en pleine santé, quoique leur corps soit affaibli et épuisé par la maladie. Si donc l'énergie de l'âme, un certain appareil nerveux, et le poids du corps constituent ce que nous appelons les forces; si de la volonté vient cette énergie, que rend plus prompte l'espérance ou l'audace, que réprime la crainte, et plus encore le désespoir; car, dans un moment de crainte, à la moindre lueur d'espérance, il est d'ordinaire que nos forces se surexcitent; s'il appartient à la configuration des corps d'ajuster l'appareil nerveux, à la mesure de la santé de le modifier, et au travail de l'exercice de l'affermir; si le poids vient de la grosseur des membres, laquelle s'acquiert par l'âge et la nourriture et s'entretient par les seuls aliments; quand un homme est également pourvu de toutes ces ressources, il a des forces prodigieuses, et la faiblesse d'un autre est à proportion du défaut de ces mêmes ressources. Il arrive même souvent qu'avec une volonté obstinée, et des nerfs plus solides, un homme de petite taille triomphe d'un autre dont la stature l'emporte sur la sienne. Parfois encore il arrive que, grâce à son grand poids, un homme agissant avec peu d'énergie accable un adversaire plus petit, et dont les efforts sont beaucoup plus violents. Or, quand ce n'est plus ni le poids du corps, ni le jeu des nerfs, mais la volonté ou plutôt l'âme qui s'affaisse, et que le plus robuste est vaincu par un homme plus faible à tout point de vue, parce que la timidité le cède à l'audace; je ne sais s'il faut y voir un effet de la force. Peut-être cependant pourrait-on attribuer à l'âme des forces qui lui inspirent courage et confiance; mais comme elles se montrent chez l'un pour disparaître chez l'autre, il est facile de comprendre la supériorité de l'esprit sur le corps, même quand il agit au moyen du corps.
Edition
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De quantitate animae (PL)
38.
His praejactis atque intellectis, quantum praesens [Col. 1057] negotium postulat, vide nunc eas quae dicuntur in animalibus vires, utrum rationi huic congruant: nam corpora omnium animalium quis negat suo pondere praedita? Quod pondus nutu animae actum, quo inclinaverit, multum valet magnitudine propria. Sed nutus animae ad movendum corporis pondus, nervis quasi tormentis utitur: nervos autem vegetat mobilioresque efficit siccitas calorque moderatus; contra eos laxat atque infirmat humidus rigor. Itaque somno, quia eum frigidum et humidum dicunt medici et probant, membra languescunt; atque ipse expergefactorum conatus multo est debilior, ideoque nihil est fractius et enervius lethargicis. At quosdam phreneticos, quibus vigiliae et vini vis et acutae febres, id est tot calida plus nimio nervos tendunt atque durant, majoribus viribus quam integra valetudine reluctari et multa facere manifestum est, cum eorum corpus sit aegritudine attenuatius et exilius. Si igitur et nutu animae, et nervorum quodam machinamento, et pondere corporis confiunt hae quae vires vocantur; voluntas nutum exhibet, qui pronior fit spe vel audacia, retunditur autem timore, sed multo magis desperatione (nam in metu cum aliqua spes subest, vehementiores vires apparere assolent); machinamentum configuratio quaedam corporis coaptat, temperatio modificat valetudinis, confirmat exercitationis industria; pondus dat moles membrorum, quam aetas et nutrimenta comparant, instaurant autem sola nutrimenta. His omnibus qui aequaliter praevalet, mirandus est viribus, et tanto est alius alio invalidior, quanto plus eum ista deficiunt. Fitque saepe ut pertinaci nutu, meliore machinamento alius, quamvis parvum pondus corporis egerit, alium majore mole praeditum vincat. Rursusque nonnunquam tanta moles est, ut etiamsi imbecilliore nisu agatur, opprimat tamen parvum adversarium multo vehementius innitentem. Cum vero non pondus corporis, nec moderatio nervorum, sed nutus ipse, id est animus cedit, ut omnino valentior ab omnimodo invalidiore, sed tamen timidior ab audaciore superetur; nescio utrum viribus attribuendum sit. Nisi quis dicat habere quasdam suas vires animam, quibus ei major audacia, vel fiducia pariatur: quae cum alteri adsunt, alteri desunt, tunc intelligitur quantum animus corpori suo, etiam in eo quod per corpus agitur, antecellat.