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Ah ! si nous pouvions l'un et l'autre interroger sur ce sujet un homme qui fut à la fois instruit, éloquent, vraiment sage, parfait enfin ! Comme il nous montrerait par la parole et le raisonnement ce que peut l'âme sur le corps, ce qu'elle peut sur elle-même, ce qu'elle peut auprès de Dieu, dont elle approche quand elle est pure et où elle trouve son bonheur suprême et absolu ! Quoique pour cela j'aie besoin moi-même d'un autre qui me manque, j'ose ne te pas manquer; mais en expliquant avec mon ignorance ce que peut l'âme, j'aurai pour récompense de connaître sans danger ce que je puis moi-même. Renonce d'abord, néanmoins, à l'attente immense, et comme infinie, de m'entendre parler de toutes les âmes; je ne parlerai que de l'âme humaine : seule, elle doit être l’objet de notre sollicitude, quand nous en avons pour nous-mêmes.
Cette âme donc, et chacun peut le remarquer facilement, commence par animer de sa présence ce corps terrestre et mortel; elle y met l'unité et la maintient, elle l'empêche de se désunir et de tomber en ruines; c'est elle qui, en rendant à chacun ce qui lui est dû, fait distribuer également la nourriture aux membres; c'est elle qui conserve l'harmonie et la mesure, non-seulement dans la beauté, mais encore dans la croissance et la communication de la vie. On peut remarquer néanmoins que l'homme n'est pas en cela distingué des végétaux; nous voyons en effet et nous disons que ceux-ci vivent, qu'ils sont conservés chacun dans son espèce, qu'ils se nourrissent, croissent et se .reproduisent.