75.
Mais cet élan, ce désir de comprendre ce qui est vraiment et absolument, c'est le regard suprême de l'âme; elle n'en a pas de plus parfait, de meilleur, de plus droit. C'est donc ici le sixième degré. Car autre chose est de puri. fier l'œil de l'âme, de ne l'ouvrir ni en vain ni avec légèreté, de ne l'arrêter sur rien de mauvais; autre chose d'en conserver et d'en affermir la santé; autre chose enfin de porter, sur ce qu'il faut contempler, ce regard devenu juste et serein. Ceux qui veulent s'occuper de cette contemplation avant de s'être purifiés et guéris sont tellement blessés par la divine lumière que, loin d'y voir rien de bon, ils croient y voir beaucoup de mal, lui refusent même le nom de vérité, et, poussés par la passion, en. traînés misérablement par un plaisir corrupteur, ils se replongent, en maudissant le remède, dans les ténèbres compatibles avec leur état maladif. Aussi le prophète dit avec beaucoup de justesse, sous le souffle divin de l'inspiration : « Créez en moi un coeur pur, ô mon Dieu, et renouvelez au fond de mon âme l'esprit de droiture1. » L'esprit de droiture, me semblé-t-il, est celui qui rend l'âme incapable de dévier et de s'égarer dans la recherche de la vérité; et il ne s'y rétablit pas que le coeur ne soit purifié, c'est-à-dire avant qu'on n'ait mis un frein à la pensée elle-même, avant qu'elle ne se soit élevée au-dessus de toutes les passions et de toutes les souillures que produisent les choses périssables.
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Ps. L, 12, ↩