50.
Ev. Je me suis trompé, je l'avoue; en t'accordant qu'il y a science, lorsque la raison apprend avec certitude. Quand tu m'interrogeais, je n'avais en vue que les hommes; et je ne puis ni affirmer que les bêtes soient raisonnables, ni nier qu'elles aient des connaissances. II connaissait en effet son maître, le chien qui le reconnut, dit-on, après vingt ans1, pour ne rien dire de tant d'autres animaux. — Aug. Deux choses te sont proposées, l'une est le but auquel on doit tendre, l'autre est le moyen d'y arriver; dis-moi, je te prie, laquelle estimes-tu davantage, et préfères-tu à l'autre? — Ev. Qui hésiterait à préférer celle que l'on doit atteindre?— Aug. La raison et la science sont deux choses; est-ce par la science que l'on arrive à la raison, ou par la raison à la science? — Ev. Selon moi, ces deux choses sont liées si intimement que l'une des deux nous conduit à l'autre. Car, il nous serait impossible d'arriver à la raison, si nous ne savions qu'il faut y arriver. Donc, la science précède, et par elle nous allons à la raison. — Aug. Est-ce donc sans la raison que l'on arrive à la science, qui précède, dis-tu? — Ev. Dieu me préserve de le dire jamais. Ce serait une témérité suprême. — Aug. C'est donc par le moyen de la raison? — Ev. Non pas. — Aug. Alors c'est par la témérité? — Ev. Qui le dirait? — Aug. Par quel moyen donc? — Ev. Par aucun moyen, puisque la science nous est infuse.
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Odys. ch. XVII. ↩