65.
Autre question: crois-tu que dans nos paroles il y ait une différence entre le son et ce qu'il signifie? — Ev. Je ne le crois pas. — Aug. Dis-moi donc d'où vient le son quand tu parles? — Ev. De moi, sans doute. — Aug. De toi vient donc aussi le soleil, quand tu en prononces le nom? — Ev. Tu m'as interrogé sur le son et pas sur la chose. — Aug. Le son diffère donc de ce qu'il signifie: tu avais dit pourtant qu'il n'en différait pas. — Ev. Eh bien, j'accorde maintenant que le son est autre chose que ce qu'il signifie. — Aug. Mais avec l'intelligence que tu as de notre langue pourrais-tu dans le discours nommer le soleil, si auparavant tu n'en avais l'idée? — Ev. Je ne le pourrais. — Aug. Et si, avant de prononcer un nom tu te tiens un moment en silence occupé d'y penser, le son de ce nom ne demeure-t-il point dans ton esprit avant que ta voix le porte aux oreilles d'autrui? — Ev. C'est évident. — Aug. Et le soleil ayant un si grand volume, l'idée que tu en as avant d'en parler, pourrait-elle paraître longue, large ou de toute autre dimension? — Ev. Pas du tout.