Edition
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Adversus Praxean
CAP. 27.
[1] Et quid ego in tam manifestis morabor, cum ea aggredi debeam de quibus manifesta obumbrare quaerunt? undique enim obducti distinctione patris et filii, quam manente coniunc- tione disponimus ut solis et radii et fontis et fluvii, per individuum tamen numerum duorum et trium, aliter eam ad suam nihilominus sententiam interpretari conantur, ut aeque in una persona utrumque distinguant, patrem et filium, dicentes filium carnem esse, id est hominem id est Iesum, patrem autem spiritum, id est deum id est Christum.
[2] et qui unum eundemque contendunt patrem et filium iam incipiunt dividere illos potius quam unare. si enim alius est Iesus alius Christus, alius erit filius alius pater, quia filius Iesus et pater Christus. talem monarchiam apud Valentinum fortasse didicerunt, duos facere Iesum et Christum.
[3] sed et haec iniectio eorum ex praetractatis iam retusa est, quod sermo dei vel spiritus dei et virtus altissimi dictus sit quem patrem faciunt: non enim ipse sunt cuius dicuntur, sed ex ipso et ipsius.
[4] et aliter tamen in isto capitulo revincentur. ecce, inquiunt; ab angelo praedicatum est, Propterea quod nascetur sanctum vocabitur filius dei: caro itaque nata est, caro itaque erit filius dei. immo de spiritu dei dictum est.
[5] certe enim de spiritu sancto virgo concepit, et quod concepit id peperit. id ergo nasci habebat quod erat conceptum et pariundum, id est spiritus, cuius et vocabitur nomen Emmanuel, quod est interpretatum Nobiscum deus. caro autem deus non est ut de illa dictum sit, Vocabitur sanctum filius dei, sed ille qui in ea natus est deus, de quo et psalmus, Quoniam deus homo natus est in illa et aedificavit eam voluntate patris.
[6] quis deus in ea natus? sermo et spiritus qui cum sermone de patris voluntate natus est. igitur sermo in carne: dum et de hoc quaerendum, quomodo sermo caro sit factus, utrumne quasi transfiguratus in carne an indutus carnem. immo indutus. ceterum deum inmutabilem et informabilem credi necesse est, ut aeternum.
[7] transfiguratio autem interemptio est pristini: omne enim quodcunque transfiguratur in aliud desinit esse quod fuerat et incipit esse quod non erat. deus autem neque desinit esse neque aliud potest esse. sermo autem deus, et sermo domini manet in aevum, perseverando scilicet in sua forma. quem si non capit configurari, consequens est ut sic caro factus intellegatur dum fit in carne et manifestatur et videtur et contrectatur per carnem, quia et cetera sic accipi exigunt.
[8] si enim sermo ex transfigura- tione et demutatione substantiae caro factus est, una iam erit substantia Iesus ex duabus, ex carne et spiritu, mixtura quaedam, ut electrum ex auro et argento, et incipit nec aurum esse, id est spiritus, neque argentum, id est caro, dum alterum altero mutatur et tertium quid efficitur.
[9] neque ergo deus erit Iesus; sermo enim desiit esse, qui caro factus est: neque homo caro; caro enim non proprie est, quia sermo fuit. ita ex utroque neutrum est: aliud longe tertium est quam utrumque.
[10] sed enim invenimus illum directo et deum et hominem expositum, ipso hoc psalmo sug- gerente, Quoniam deus homo natus est in illa aedificavit eam voluntate patris : certe usquequaque filium dei et filium hominis, cum deum et hominem sine dubio secundum utramque sub- stantiam in sua proprietate distantem, quia neque sermo aliud quam deus neque caro aliud quam homo.
[11] sic et apostolus de utraque eius substantia docet: Qui factus est; inquit, ex semine David - hic erit homo et filius hominis; Qui definitus est filius dei secundum spiritum - hic erit deus, et sermo dei filius: videmus duplicem statum, non confusum sed coniunctum, in una persona deum et hominem Iesum. de Christo autem differo. et adeo salva est utriusque proprietas substantiae, ut et spiritus res suas egerit in illo, id est virtutes et opera et signa, et caro passiones suas functa sit, esuriens sub diabolo, sitiens sub Samaritide, flens Lazarum, anxia usque ad mortem, denique et mortua est.
[12] quodsi tertium quid esset ex utroque confusum, ut electrum, non tam distincta documenta parerent utriusque substantiae; sed et spiritus carnalia et caro spiritalia egisset ex translatione, aut neque carnalia neque spiritalia sed tertiae alicuius formae ex confusione:
[13] immo aut sermo mortuus esset aut caro mortua non esset, si sermo conversus esset in carnem; aut caro enim immortalis fuisset aut sermo mortalis. sed quia substantiae ambae in statu suo quaeque distincte agebant, ideo illis et operae et exitus sui occurrerunt.
[14] disce igitur cum Nicodemo quia quod in carne natum est caro est, et quod de spiritu spiritus est. neque caro spiritus fit neque spiritus caro: in uno plane esse possunt. ex his Iesus constitit, ex carne homo ex spiritu deus, quem tunc angelus ex ea parte qua spiritus erat dei filium pronuntiavit, servans carni filium hominis dici.
[15] sic et apostolus etiam dei et hominum appellans sequestrem utriusque substantiae confirmavit. novissime, qui filium dei carnem interpretaris, exhibe qui sit filius hominis: aut numquid spiritus erit? sed spiritum patrem ipsum vis haberi, quia deus spiritus : quasi non et dei spiritus, sicut et sermo deus, et dei sermo..
Übersetzung
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Contre Praxéas
XXVII.
Mais pourquoi m'appesantir si long-temps sur des choses manifestes, lorsque je dois aborder les questions par lesquelles ils cherchent à obscurcir l'évidence même. En effet, pressés de tous côtés par la distinction du Père et du Fils que nous établissons en gardant l'unité, comme celle du soleil et du rayon, de la source et du ruisseau, dans le nombre indivisible de deux et de trois, ils ne laissent pas néanmoins de ramener à leur sentiment cette auguste économie, de sorte qu'ils distinguent dans une seule et même personne le Père et le Fils, soutenant ainsi que le Fils est la chair, c'est-à-dire l'homme, c'est-à-dire Jésus, et que le Père est l'Esprit, c'est-à-dire Dieu, c'est-à-dire le Christ. Et ceux qui prétendent que le Père et le Fils sont le même, commencent à les diviser bien plus qu'à les confondre. Si, en effet, autre est Jésus, autre est le Christ, le Fils sera différent du Père, puisque Jésus est le Fils et que le Christ est le Père. C'est sans doute à l'école de Valentin que, formés à la monarchie, ils ont appris à diviser Jésus et le Christ. Mais ce blasphème a été déjà réfuté par les passages qui précèdent, où nous prouvons que celui dont ils font le Père a été appelé le Verbe ou l'Esprit de Dieu, la vertu de Dieu, la vertu du Très-Haut. Ces choses ne sont pas les mêmes que celui dont elles sont les choses; seulement elles dérivent de lui, et sont à lui. Cependant nous donnerons dans ce chapitre une autre réponse à l'objection.
---- L'ange, disent-ils, a déclaré que «le saint qui naîtrait, serait appelé le Fils de Dieu.» Ce qui est né, c'est la chair. Donc la chair sera le Fils de Dieu.
---- Erreur, répondrai-je. Ces paroles s'appliquent à l'Esprit de Dieu. Il est certain que la Vierge a conçu de l'Esprit saint; ce qu'elle a conçu, elle l'a enfanté; ce qui devait naître, c'est donc ce qui a été conçu, ce qui devait être enfanté, c'est-à-dire l'Esprit «de celui dont le nom serait Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.» Or, ce n'est pas la chair qui est Dieu, pour qu'il ait été dit de la chair: «Ce qui naîtra, sera appelé le Fils de Dieu;» mais ce qui est Dieu, c'est celui qui est né en elle, et dont le psalmiste a chanté l'Incarnation: «Un Dieu-homme est né en elle; il l'a édifiée par la volonté de son Père.» Quel est donc le Dieu qui naquit en elle? Le Verbe et l'Esprit qui, avec le Verbe, est né de la volonté du Père. Conséquemment c'est le Verbe qui s'est incarné, puisqu'il ne reste plus qu'à examiner comment le Verbe s'est fait chair, s'il s'est transfiguré dans la chair, ou s'il en a revêtu la réalité. Oui, il en a pris la réalité. D'ailleurs, il faut croire nécessairement que Dieu, en sa qualité d'éternel, est immuable et répugne à toute transformation. Or, la transformation est l'anéantissement de ce qui est ancien. Tout ce qui se transforme en une autre chose, cesse d'être ce qu'il avait été, et commence à être ce qu'il n'était pas. Dieu, au contraire, ne peut ni cesser d'être, ni être autre chose que ce qu'il est. «Le Verbe est Dieu, et le Verbe du Seigneur demeure éternellement,» en gardant toujours sa forme. S'il n'admet pas de transformation, il en résulte que, par son incarnation, il faut entendre la chair qu'il a prise, et par laquelle il se manifeste, devient visible et se laisse toucher, parce que tout le reste exige ce sens. Si, en effet, le Verbe est devenu chair en vertu d'une transformation et par un changement de substance, la substance de Jésus qui est une, va être je ne sais quel mélange de deux substances, la chair et l'esprit, comme l'ambre qui est un composé d'or et d'argent, et par là même il cesse bientôt d'être or, c'est-à-dire esprit, et argent, c'est-à-dire chair, lorsque par ces transformations il devient un troisième je ne sais quoi. Qu'arrive-t-il? Jésus ne sera plus Dieu. Car le Verbe a cessé d'être en devenant chair. Il ne sera plus chair, c'est-à-dire homme; car celui qui a été Verbe ne peut être chair à proprement parler. Ainsi, par ce mélange de l'un et de l'autre, il n'est plus ni l'un ni l'autre; il est bien plutôt un troisième être qu'il n'est tous les deux à la fois.
Il y a mieux. Nous le trouvons nommé clairement homme-Dieu dans les chants du psalmiste. «Un Dieu-homme naquit en elle; il l'a édifiée par la volonté de son Père.....» Des deux côtés assurément, Fils de l'homme et Fils de Dieu, puisqu'il est Dieu et homme, et différent sans aucun doute dans sa propriété, en vertu de l'une et de l'autre substance, puisque le Verbe n'est pas autre chose que Dieu, ni la chair autre chose que l'homme. C'est ainsi que l'apôtre nous parle de l'une et de l'autre substance: «Qui est né, dit-il, de la race de David:» Voilà l'homme et le Fils de l'homme. «Qui a été prédestiné Fils de Dieu selon l'Esprit:» voilà le Dieu et le Verbe, Fils de Dieu. Nous voyons une double nature qui, sans se confondre, s'unit dans une seule personne, Dieu et Jésus-Christ fait homme.
Quant au Christ, je remets à en parler. Te faut-il la preuve que la propriété de l'une et de l'autre substance demeure réelle? L'esprit accomplit en lui les œuvres qui lui appartiennent, c'est-à-dire les miracles, les signes et les prodiges. La chair, au contraire, éprouve les affections qui lui sont propres; elle a faim avec le démon, elle a soif avec la Samaritaine; elle pleure sur Lazare; elle est triste jusqu'à la mort; enfin elle expire. S'il était je ne sais quel troisième être, mélange de l'un et de l'autre à peu près comme l'ambre, l'une et l'autre substances ne se manifesteraient pas par des actes aussi distincts. Il y a mieux. L'esprit aurait accompli les œuvres de la chair et la chair les œuvres de l'Esprit, par suite de cette transformation, ou bien ils n'eussent accompli ni les œuvres de la chair, ni celles de l'Esprit, mais des œuvres d'une troisième espèce par suite de ce mélange. Je me trompe; ou le Verbe fût mort, ou la chair ne fût pas morte, si le Verbe s'était transformé en chair. Point de milieu, ou l'immortalité de la chair, ou la mortalité du Verbe. Mais comme ces deux substances agissaient distinctement chacune dans leur nature, il s'ensuit que les actes et les choses correspondirent à chacune d'elles. Apprends-le donc avec Nicodème. «Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est Esprit.» La chair ne devient pas l'Esprit; l'Esprit ne devient pas la chair. Ils peuvent résider dans une seule personne. Tel était Jésus-Christ, homme par la chair, Dieu par l'Esprit, et que l'ange dans ce moment proclama Fils de Dieu, dans le sens qu'il était Esprit, réservant à la chair le litre de Fils de l'homme. De même quand l'Apôtre l'appelle «médiateur entre Dieu et les hommes,» il affirme en lui les deux substances. Enfin, toi qui par la chair entends le Fils de Dieu, montre-nous quel est le Fils de l'homme. Diras-tu que c'est l'Esprit? Mais tu veux que l'Esprit soit le même que le Père, parce qu'il est dit: «Dieu est Esprit,» comme s'il n'était pas dit aussi ailleurs «l'Esprit de Dieu,» ainsi que «Dieu le Verbe et le Verbe de Dieu.»