CHAPITRE PREMIER. POUR TRAITER DE L'ÉCRITURE, IL FAUT SAVOIR EN DÉCOUVRIR ET EN EXPOSER LE SENS.
1. L'interprétation de l'Ecriture comprend deux choses : la manière de découvrir ce que l'on y doit comprendre, et la manière d'exposer ce que l'on y a compris. Nous parlerons successivement de la première et de la seconde. C'est une grande et difficile entreprise; n'est-il clone pas téméraire de m'y engager? Oui, sans doute, si nous présumions de nos forces; mais lotit notre espoir de mener à bonne fin cet ouvrage, repose en Celui dont nous avons déjà reçu dans nos méditations bien des lumières sur ce sujet, et nous ne doutons point qu'il ne nous accorde celtes qui nous Manquent, dès que nous aurons commencé à communiquer celles qu'il nous a départies. Car posséder sans la donner une chose qui se donne sans s'épuiser, c'est ne pas la posséder encore comme il convient. Or, Dieu a dit : « Quiconque a déjà, on lui donnera encore 1. » Il donnera donc à ceux qui possèdent, c'est-à-dire, que si on use ave„ largesse de ce qu'on a reçu, il remplira et comblera la mesure qu'il a confiée. Ici il n'y avait que cinq pains et là que sept, avant de les donner â une multitude affamée; à peine eut-on commencé à les distribuer, qu'après en avoir rassasié plusieurs milliers d'hommes, on en remplit des corbeilles et des paniers entiers 2. De même donc que le pain se multiplia sous les mains qui le rompaient, ainsi ce que Dieu nous a déjà donné pour entreprendre cet ouvrage, des que nous aurons commencé à le communiquer, se fécondera sous le souffle de son inspiration, et loin de, nous trouver jamais réduit à la disette dans le cours de notre tâche, nous aurons à nous réjouir au sein d'une merveilleuse abondance.
