CHAPITRE XXIII. POURQUOI IL FAUT REJETER LA SCIENCE DES ASTROLOGUES.
35. Il arrive en effet que, par un secret jugement de Dieu, les hommes au cœur perverti sont livrés aux illusions et aux erreurs que mérite la dépravation de leurs désirs ; qu'ils sont séduits et trompés par les anges prévaricateurs à qui la providence de Dieu a soumis cette partie inférieure du monde, pour la plus grande beauté de l'univers. Sous l'empire de leurs artifices et de leurs prestiges, ces hommes à l'aide de leurs sciences divinatoires, aussi funestes que superstitieuses, révèlent des événements passés ou à venir, qui arrivent souvent comme ils ont été prédits, et d'une manière conforme à leurs observations ; et leur curiosité, de plus en plus stimulée, les jette et les enlace dans les noeuds inextricables de la plus pernicieuse erreur.
L'Écriture, signalant le danger, a stigmatisé cet égarement de l'esprit humain ; non-seulement elle nous avertit de fuir avec. horreur ces extravagances comme provenant de la bouche des professeurs de mensonges, elle va jusqu'à dire : « Quant même ce qu'ils vous « auront dit arriverait, ne les croyez point 1. » Parce que l'ombre de Samuel, après sa mort, ne prophétisa rien que de vrai au roi Saül 2, les sacrilèges qui furent commis, en évoquant ce fantôme, n'en sont pas moins détestables.
Et bien que cette femme ventriloque, dont il est parlé dans les Actes, rendit un témoignage véritable aux Apôtres du Seigneur, saint Paul n'épargna pas pour ce motif l'esprit qui était en elle, mais il la délivra en menaçant et en chassant le démon qui l'obsédait 3.
36. Tout chrétien doit donc fuir et rejeter ces superstitions puériles ou dangereuses, qui entretiennent un commerce contagieux entre les hommes et les démons, et ne sont que la convention d'une fausse et perfide amitié. « Ce n'est pas, dit saint Paul, qu'une idole soit quelque chose, mais je dis que ce que les païens immolent, ils l'immolent aux démons et non pas à Dieu. Or je ne veux pas que « vous ayez aucune société avec les démons 4. »
Ce que l'Apôtre dit des idoles et des victimes immolées , en leur honneur, il le faut dire de toutes ces vaines institutions qui portent à honorer les idoles ou une créature quelconque, comme on honore Dieu ; lui enseignent à recourir à ces remèdes et à ces observances qui n'ont point été divinement et publiquement établis pour développer l'amour de Dieu et du prochain, et ne font que livrer le cœur de quelques misérables aux désirs déréglés des choses temporelles. Dans ces sortes de sciences on ne saurait trop craindre ni trop éviter toute société avec les démons, car de concert avec leur chef, ils ne cherchent qu'à nous fermer la voie du retour à la patrie.
Mais ce n'est pas seulement aux astres, que Dieu a créés et placés chacun à son rang, que les hommes ont emprunté tant de fausses conjectures : ils en ont tiré des différentes productions de la nature, de tous les évènements déterminés par l'action de la Providence divine, et les ont consignées dans leurs écrits, comme des règles infaillibles, dès qu'ils étaient témoins d'un phénomène extraordinaire, comme quand une mule était devenue féconde, bu qu'un corps quelconque avait été frappé de la foudre.
