63. La créature nouvelle 1.
« La circoncision n'est rien, ni l'incirconcision. » C'est toujours la même indifférence où l'on doit être relativement à cette pratique. On ne doit donc pas croire qu'il y a eu dissimulation dans l'Apôtre lorsqu'il a fait circoncire Timothée, ni qu'il y en aurait si pour ce motif il consentait à laisser circoncire quelqu'un encore. Ce n'est pas la circoncision en elle même, c'est l'espoir qu'on y met pour le salut, qui nuit aux croyants. On voit en effet, dans les Actes des Apôtres, des Juifs pousser à la circoncision en prétendant que sans ce moyen les Gentils devenus chrétiens ne pouvaient parvenir au salut 2. ainsi ce n'est pas dans l'acte en lui-même, c'est dans ferreur qu'on on y attache, que l'Apôtre voit du danger. « La circoncision n'est rien, ni l’incirconcision, mais la créature nouvelle. » Nouvelle créature désigne ici la vie nouvelle que donne la foi en Jésus-Christ. Cette expression est à remarquer ; car il serait difficile de voir désigner sous ce nom de créature ceux-mêmes qui par la foi sont déjà devenus les enfants adoptifs de Dieu. Cependant l'Apôtre dit également ailleurs: « Si donc quelqu'un est uni à Jésus-Christ, il est une créature nouvelle ; les choses anciennes ont passé : voilà que tout est devenu nouveau, et ce tout vient de Dieu 3. » Mais quand il écrit : « Et la créature elle-même sera affranchie de la servitude de la corruption, » en ajoutant ensuite : « Non-seulement elle, mais c nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit 4; » saint Paul distingue les fidèles de ce qu'il appelle la créature. C'est ainsi que tantôt il dit qu'ils sont des hommes et tantôt qu'ils n'en sont pas. N'est-il pas vrai que par manière de reproche il dit , quelque part aux Corinthiens qu'ils sont des nommes ? Voici ses paroles: « N'êtes-vous pas des hommes et ne vous conduisez-vous pas en hommes 5 ? » C'est ainsi encore qu'il dit de Notre-Seigneur ressuscité qu'il n'est pas un homme; car nous avons lu, dès le commencement de cette Épître : « Non de la part des hommes, ni par l'intermédiaire d'un homme, mais par Jésus-Christ 6; » ailleurs pourtant, qu'il est un homme, comme dans ce passage : « Il n'y a qu'un seul Dieu, ni qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme 7. »
« Quant à tous ceux qui suivent cette règle, pax et miséricorde sur eux, ainsi que sur l'Israël de Dieu; » c’est-à-dire sur ceux qui se préparent véritablement à voir Dieu, et non sur ceux qui portent ce nom d'Israël sans chercher à voir le Seigneur, aveuglés qu'ils sont par la chair quand, rejetant sa grâce, ils 'aspirent à rester des esclaves dans le temps.